mardi 11 juin 2013

Lyon : derrière la victoire de Havard sur Fenech , la victoire de Fillon ... - Le Point

Aucun règlement de compte. Aucune accusation de fraude. Aucune trace du mariage pour tous dans les débats. Et aucun tintamarre nocif de la part de candidats désireux d'attirer l'attention. À l'UMP, on se réjouissait de présenter la primaire lyonnaise comme un modèle du genre. Après le premier tour, Jean-François Copé s'était d'ailleurs empressé de publier un communiqué dans lequel il se réjouissait du "climat de compétition légitime" et de la "sérénité" du scrutin.

Sauf que le lendemain du premier round remporté par Michel Havard avec 40 % des voix, une nouvelle mode s'est brutalement emparée des candidats éliminés : le soutien à Georges Fenech (35 % lors du premier tour), connu pour sa ligne beaucoup plus droitière que son rival, et surtout pour avoir affiché son indéfectible soutien à Jean-François Copé lors des élections pour la présidence du parti. En plus des ralliements de Nora Berra et d'Emmanuel Hamelin, collègues de Michel Havard au conseil municipal lyonnais, la candidate Myriam Pleynard, qui décrit Jean-François Copé comme "un homme d'une grande ouverture d'esprit et particulièrement démocratique", car il lui a "permis de rencontrer son directeur national des élections" auprès duquel elle s'est présentée. L'ancien maire de Lyon Michel Noir, dont la carrière politique avait été brisée par une condamnation pour recel d'abus de biens sociaux, est venu compléter ce tableau.

Michel Havard, qui avait soutenu François Fillon lors de l'élection du président de l'UMP, a donc jeté un pavé dans la mare pour éviter de finir en dindon de la farce : "En politique, je ne suis pas un petit lapin de trois semaines, avertissait l'élu lyonnais dans les colonnes du Monde. Le soir du premier tour, avec Nora Berra et Emmanuel Hamelin, nous nous assurons que nous nous retrouverons ensemble contre le parachuté. Le lendemain, j'apprends par les médias qu'ils tournent casaque. Il y a eu des pressions qui jouent contre moi et j'y vois la main de Paris." Malgré ce nouveau statut de pestiféré, le chef de file de l'opposition lyonnaise remporte dimanche le deuxième tour avec 54 % des 5 400 suffrages exprimés. Mais le climat n'est pas totalement apaisé, tout comme le propos de l'intéressé : "La guerre Copé-Fillon ? Je ne sais pas. Je vous laisse faire votre travail d'enquête. Tout ce que je sais, c'est que la main de Paris a provoqué beaucoup d'interrogations et de colère..." Et la victoire a encore un petit goût amer : "On avait envisagé de faire le rassemblement des Lyonnais. J'ai été surpris, car nous sommes tous les trois conseillers municipaux."

"La main de Paris"

Les principaux intéressés se défendent pourtant d'avoir fait de fausses promesses à leur collègue : "Aucun engagement n'avait été pris formellement. C'était juste une éventualité", se défend Emmanuel Hamelin. "J'ai fait ce choix avec Nora Berra après avoir analysé la situation. Nous avons considéré qu'il était le mieux placé pour affronter Gérard Collomb." Même version des faits dans l'entourage de l'eurodéputée : "Elle n'a pas changé de position. Elle ne s'est jamais engagée auprès de Michel Havard." Son choix de soutenir Georges Fenech semble mûri de longue date : "Elle siège avec lui au conseil municipal. Elle considérait qu'après 5 ans d'opposition à ses côtés, il n'incarnait pas un choix incontesté et incontestable. D'ailleurs, si Michel Havard était un leader naturel, il n'y aurait pas eu de primaire."

Et les deux anciens candidats se défendent également d'exécuter les ordres du lieutenant Copé : "Je n'ai surtout pas voulu rentrer dans ce jeu-là (la concurrence entre Copé et Fillon, NDLR). Nora Berra a soutenu Fillon, et moi Copé (lors de primaires pour la présidence de l'UMP, NDLR). Il n'y a aucun lien avec les instances parisiennes", déclare Emmanuel Hamelin. Un proche de Nora Berra met en garde contre "une lecture parisienne du scrutin". Un proche de Jean-François Copé est conscient "que certains ne vont pas se priver d'avoir cette lecture", mais il nie toute intervention de la part du président de l'UMP et propose une autre piste : Il y a eu plus de participants au second tour qu'au premier. À Lyon, il n'y a que 3 500 encartés à l'UMP. Qui sont ces gens en plus qui ont voté ? Qui vous dit que Gérard Collomb n'a pas choisi son candidat ? "Alors que l'on parle de la sorcellerie de la vieille femme, elle dit que la pluie fait des éclairs dans son village", ont coutume de dire les Mossi, peuple de l'Afrique de l'Ouest dont les relations de parenté sont basées sur un système complexe d'alliances matrimoniales...

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