samedi 9 mars 2013

un chantier colossal mais un financement encore incertain - Le Monde

Jean-Marc Ayrault, le lundi 4 mars  l'Elyse.

Le Grand Paris Express n'est pas encore sorti de terre, mais il cote dj trs cher. Jean-Marc Ayrault a rvalu le financement des nouvelles infrastructures de transport qui doivent irriguer l'Ile-de-France d'ici 2030 hauteur de 31,5 milliards d'euros. La construction des 200 kilomtres de lignes et des 72 nouvelles stations entranera 24,5 milliards d'euros de dpenses, alors que la modernisation des lignes actuelles, dj engage travers le plan de mobilisation, est value 7 milliards d'euros d'ici 2017 (6 milliards de dpenses effectives).

Des montants colossaux dans cette priode de rigueur budgtaire. Matignon a donc conu un plan de financement qui met contribution les entreprises, les collectivits locales et l'Etat. Un montage complexe qui droute mme les spcialistes du dossier. "Je n'ai pas tout saisi, il y a des aspects flous", explique Philippe Laurent, prsident (UMP) du Conseil suprieur de la fonction publique territoriale. Et pour cause, en mettant bout bout toutes les recettes, il manque au final 2,5 milliards d'euros dans les caisses. Un trou qui n'inquite pas Matignon : "2,5 milliards d'euros d'ici 2030, a se trouve."

Les spculations vont dj bon train. Jean-Marc Ayrault a mis les pieds dans le plat en voquant une possible augmentation du prix des amendes de stationnement qui pourraient passer de 17 euros 35 euros. Les autres pistes voques pour trouver ces 2,5 milliards d'euros sont la taxe de sjour, une taxe spciale de 1 euro sur les billets d'avion, et l'cotaxe sur les poids lourds.

TAXE SUR LES BUREAUX

Pour Yves Albarello, dput (UMP) de Seine-et-Marne, d'autres sources de revenus auraient pu tre envisages avec un trac diffrent : "C'est dommage que le mtro ne relie pas les deux aroports. C'est l-bas qu'on doit aller chercher les financements. Il y a un rservoir de croissance exceptionnel autour du Grand Roissy par exemple." Pour Annick Lepetit, dpute (PS) de Paris, malgr les incertitudes, le projet a le mrite de fixer un calendrier des dpenses : "a n'avait jamais t fait, dsormais on va pouvoir travailler avec cette base."

Pour s'assurer des recettes solides et lancer les travaux, l'Etat mise beaucoup sur les dotations de la Socit du Grand Paris (SGP), pierre angulaire du projet. La SGP doit dpenser, d'ici 2030, 24,5 milliards d'euros pour le Grand Paris Express et 2 milliards d'euros supplmentaires pour l'amlioration du rseau actuel, dont le reste est financ par la rgion (2,5 milliards d'euros), l'Etat (1 milliard) et les tiers (500 millions).

Le financement de cet tablissement public reposera principalement sur les entreprises, travers la taxe sur les bureaux. Un choix valid par tous les acteurs – mme le Medef d'Ile-de-France, qui s'inquitait de la cration de taxes. Pas de nouvel impt donc, mais une rpartition diffrente des recettes actuelles. L'argent rcolt tous les ans grce la taxe sur les bureaux ira entirement dans les caisses de la Socit du Grand Paris. C'est l la nouveaut du projet Ayrault, qui consolide les fonds de la SGP, aliments galement par la taxe spciale d'quipement (117 millions d'euros par an) et l'IFER (61 millions d'euros) verse par les entreprises de rseaux.

LA DROITE SATISFAITE

Les taxes affectes la SGP devraient ainsi s'lever 539 millions d'euros en 2015, contre 345 millions d'euros en 2013. Cet argent ne sera pas de trop. L'ensemble de ces recettes, calcules sur une priode minimale de trente-cinq ans, devrait rapporter 21,8 milliards d'euros la SGP. Pour complter le budget de l'tablissement, l'Etat versera 1 milliard d'euros et les collectivits 225 millions d'euros. Un milliard d'euros sera vers en cofinancement pour l'adaptation des gares aux interconnexions, ce qui porte le budget de la SGP 24 milliards d'euros. Reste donc le trou de 2,5 milliards d'euros par rapport aux 26,5 milliards d'euros de dpenses prvues.

Malgr cet cart, la droite est plutt satisfaite des annonces de Jean-Marc Ayrault. Les lus regrettent tout de mme que deux sujets soient passs la trappe : les cots d'exploitation et la question de l'emprunt. Sur cette dernire, l'hypothse retenue est celle d'une srie de prts, notamment auprs de la Caisse des dpts et consignations et de la Banque europenne d'investissement, remboursables sur trente-cinq ans partir de la mise en circulation des lignes. En priv, le scnario sur quarante ans, voire plus, tient davantage la corde. "On a mis soixante-dix ans payer le mtro en toile Paris", rappelle M. Albarello.

Gilles Carrez, prsident (UMP) de la commission des finances de l'Assemble nationale, aimerait mettre aussi sur la table la question des cots d'exploitation. Car, une fois les lignes construites, leur utilisation cote trs cher. Le Medef est ainsi favorable une hausse des titres de transport pour financer le Grand Paris Express: "On est arriv au bout du modle actuel, les partisans de la non-augmentation ne pourront pas toujours la dfendre ", estime Jrme Dubus, dlgu gnral du syndicat patronal en Ile-de-France. Matignon carte la question du prix du futur ticket de mtro. "C'est le dossier du Syndicat des transports d'Ile-de-France [STIF]", explique-t-on. Une manire de dire : "Chaque problme en son temps."

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