L'tourdissante litanie des morts violentes qui ensanglantent Marseille semble ne jamais pouvoir connatre de fin : il tait 22 heures, lundi soir 19 aot, lorsqu'un jeune homme a t cribl de balles dans le quartier touristique de l'Estaque par deux hommes en scooter qui ont fait feu avec un pistolet 9 mm. A 200 mtres de restaurants, la victime ge de 25 ans aurait t atteinte de trois balles alors qu'elle se trouvait au volant de son Audi. Tentant une ultime fuite pied, le jeune homme s'est effondr sur le trottoir. Ses agresseurs auraient alors nouveau tir plusieurs coups de feu.
Ce nouvel assassinat porte treize le nombre des victimes depuis le dbut de l'anne. En 2012, on dnombrait vingt-quatre rglements de comptes dans les Bouches-du-Rhne. Les enquteurs assurent qu' l'Estaque, les auteurs ont agi "avec une grande technicit" et prsentent la victime comme connue de leurs services.
Quelques heures avant ce nouvel assassinat, un jeune homme g de 18 ans tait dcd l'hpital Nord. Dimanche 18 aot, 5 h 30, la sortie d'une bote de nuit, il avait t bless d'un coup de couteau au thorax lors d'une rixe l'opposant trois personnes. Les enregistrements de l'agression et de la plaque minralogique du vhicule des agresseurs ont permis l'identification de l'un d'entre eux, le conducteur d'une Toyota Yaris emprunte sa mre. Ag de 27 ans, le suspect a t interpell son domicile Carnoux-en-Provence (Bouches-du-Rhne). Un second l'a t lundi en fin d'aprs-midi Marseille.
L'annonce en a t faite par Manuel Valls, en marge d'une visite Avion (Pas de Calais). Le ministre a salu "la ractivit de la police".
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Un quart d'heure aprs ce coup de couteau port pour un motif encore inconnu, le trio s'tait prsent l'hpital de La Conception afin de faire soigner les blessures lgres de l'un d'eux.
Les trois jeunes hommes ont vivement pris partie l'infirmier d'accueil et d'orientation charg d'une premire valuation. A l'annonce que le bless ne serait pas immdiatement pris en charge, un coup de couteau a t port l'avant-bras de l'infirmier. Sa blessure a occasionn quelques points de suture mais, prcise Bastien Ripert, chef de cabinet de l'Assistance publique-Hpitaux de Marseille (AP-HM), "cet agent a subi un choc motionnel trs fort".
L'un des deux suspects, toujours en garde vue mardi 20 aot, est connu pour des affaires de vols, d'escroquerie et de recel. Il avait t rcemment incarcr, tout comme la victime qui sortait de prison aprs des condamnations pour vol.
TROP C'EST TROP !"
Force Ouvrire, premier syndicat de l'AP-HM, a rclam la runion d'un comit d'hygine et de scurit (CHSCT) extraordinaire et le renfort immdiat des rondes de scurit dans les services d'urgences. Bastien Ripert en appelle l'Etat "pour aider trouver la meilleure solution car l'hpital doit rester un sanctuaire". "Trop c'est trop !, a comment Jean-Claude Gaudin, maire (UMP) de Marseille. Cette agression est la dmonstration que mes demandes d'effectifs de police nationale sont plus que jamais lgitimes."
Le 9 aot, un tudiant de 22 ans, avait t gorg dans le centre-ville, alors qu'il allait chercher une amie la gare Saint-Charles. Ce meurtre avait provoqu un grand moi, ses camarades de l'cole de commerce o il tudiait et des habitants s'taient runis sur les lieux du drame. Dans un premier temps, les enquteurs avaient dsign un sans-abri schizophrne comme le principal suspect avant d'affirmer exploiter une nouvelle piste.
Symptme de l'impuissance juguler la violence marseillaise, les responsables politiques de tous bords multiplient, aprs chaque drame, les communiqus mlant compassion l'gard des proches des victimes et appel des renforts policiers.
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Cette succession de faits divers contribue aussi saper "la stratgie de reconqute" de la scurit dans la ville, engage en septembre 2012 par le gouvernement, lors d'un comit interministriel. En visite Marseille, le 14 aot aux Oliviers, une cit du 13e arrondissement thtre de plusieurs rglements de comptes et o un trafic de stupfiants venait d'tre dmantel dans une cage d'escalier, le ministre de l'intrieur, Manuel Valls, se flicitait que le dploiement de deux zones de scurit prioritaires (ZSP) dans la ville "porte ses fruits".
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En juin, c'est plus d'un million d'euros en petites coupures qui avait t saisi La Castellane (16e arrondissement), l'une des plus grandes cits de Marseille o prospraient des trafics de stupfiants. En dpit de rsultats dus notamment l'arrive de 230 policiers et gendarmes supplmentaires, la macabre srie des rglements de comptes a donc repris. Mardi 20 aot, Manuel Valls devait se rendre Marseille.
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