samedi 31 août 2013

Marseille : "La cité vous prend votre enfant" - Le Monde

Ex-voto de fortune, rue de Lyon, dans le 15e arrondissement de Marseille.

Quand Fathia a entendu les coups de 9 mm, en ce mois de juillet, elle s'est penche au balcon. On fait dsormais attention, la journe, dans les quartiers nord de Marseille, ces bruits qu'on entend d'ordinaire "le soir, chez soi, dans les films". Elle a juste eu le temps de dvaler les marches de son petit immeuble, pour serrer le corps encore tide de son fils et lever en priant l'index de sa main droite vers le ciel. Une manire, dans la religion musulmane, d'accompagner le mourant dans son dernier souffle. Sa seule consolation.

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Mme cit, les Oliviers : des barres, des parkings, des gamins qui tranent dessus, en grappes, mais aussi couchs dans les cages d'escalier. L't, ils chevauchent en maillot leur T max - le roi du scooter - l'arrt. Le 18 juillet 2010, " deux mois [des] 21 ans" de son fils, Malika Ben Amar, elle, n'a vu que le visage que voulait bien lui montrer l'hpital, le drap remont jusqu'au cou voilant son ventre et son cur lards de coups de couteau. "C'tait dj un glaon, se souvient cette grande et fine maman de 48 ans aux yeux cerns. Je vois comme a fait mal, une petite coupure, quand on pluche les lgumes. A ses grands yeux ouverts, on devinait qu'il avait eu le temps de se dire : je ne serai pas l pour m'occuper de ma mre."

Malika Ben Amar  Marseille, le 27 aot. Elle tient une photo de son fils tu  coups de couteau en juillet 2010.

Il y a moins d'un mois, tout dbut aot, la sur de Nacer (ce prnom a t chang), elle, a "fait tous les hpitaux et les commissariats de la ville" pour tenter de savoir si un jeune homme de 22 ans n'avait pas eu un accident de voiture ou de scooter. Sans succs. C'est la bande-annonce de BFM-TV, si souvent allume comme une radio sur les crans plats des quartiers, qui, 6 heures du matin, lui a annonc qu'un homme avait t retrouv mort brl Marseille : un faire-part anonyme et brutal qu'elle a bien t oblige de dcrypter pour sa mre, La Busserine.

Quelques semaines plus tt, le 15 mars, Font-Vert, une autre cit des quartiers nord, Baya Seddik, 47 ans, ne s'est, elle, pas inquite de voir que son fils an de 19 ans n'tait pas rentr quand elle a teint la tl, qui mange tout son salon, pour aller se coucher. Nabil, ce beau garon qui n'aimait pas l'cole mais raffolait des rappeurs de Black March, de foot et de freestyle, passait parfois la nuit chez une amie d'enfance devenue, il y a cinq ans, son amoureuse. Ils parlaient de se marier.

Mais le lendemain, un samedi, toujours pas de nouvelles. Le portable de Nabil ne rpond pas. Sa petite amie s'inquite : lorsqu'ils n'taient pas ensemble (elle a gard tous les messages, toutes les photos...), ils "textotaient la nuit entire". Quand la rumeur de la cit - "tlphone Font-Vert", dit-elle - annonce une voiture et un corps calcins quelques dizaines de mtres de chez eux, Baya Seddik ne panique pas davantage. "Les mecs qu'on brle et qu'on tue avec des armes, ce sont des cads. Donc, a pouvait pas tre Nabil. Si mon fils a vendu trois ou quatre barrettes de shit dans sa vie, c'est le pire qu'il a pu faire. Je n'ai pas ragi."

ICI CE SONT LES FEMMES QUI COMPTENT

Comment celui qu'elle prsente comme un "petit tranquille" aurait-il pu tre l'un de ces garons que depuis trois ans la France regarde tomber sans compassion et au sujet desquels les Marseillais chuchotent parfois que "a fait le mnage" ? Comment son Nabil pourrait-il incarner ce "quatrime rglement de comptes", comme dit trs vite le Net, et dont la France entire, les yeux rivs sur Marseille, tient depuis 2010 la comptabilit macabre ? Entre ces cads qui tombent au nord de Marseille, comme le raconte la tl, et leurs fils auxquels elles ne reprochent que des petites "bricoles", il y a pour les mamans des quartiers deux mondes qui ne se rencontrent pas.

Ce n'est pas un hasard si, dans les cits, les mamans sont souvent les seules raconter. Finies les annes 1980, o les grands frres veillaient encore sur les "petits frres" des rappeurs marseillais d'IAM. "Le con de ta mre", "fils de pute", "ta mre elle va pleurer"... Il suffit d'entendre les insultes qui fusent en bas des blocs, celles qu'on veut dfinitives et qui prcdent parfois l'irrparable, pour comprendre qu'ici ce sont les femmes qui comptent. Elles qu'on ne veut pas dcevoir, en l'absence (dans plus de trois quarts des cas) d'un pre loign, divorc, envol ou inconnu. "J'ai toujours respect mes parents. Ma mre, elle m'a bien lev, elle m'a bien duqu", rptent en garde vue ou leurs avocats les "minots" des quartiers quand on les attrape sur un scooter vol, au volant sans permis, ou, plus grave, aprs le vol l'arrach d'un collier. Souvent, c'est vrai.

"Promis, maman", jurent-ils la maison. Les mres sont souvent les dernires devant lesquelles on baisse encore les yeux dans les cages d'escalier, les dernires tenter de faire rempart au "trafic" qui a envahi les quartiers nord, cette ville dans la ville, vaste cit parallle divise en territoires par la drogue et o les livreurs de Darty et SOS Mdecins hsitent entrer. Des cits aux noms de plantes (les Iris, les Lilas, les Micocouliers...) ou de promesses d'aventure, comme le Surcouf ou le Corsaire. Sauf que les fleurs, aujourd'hui, pendouillent, fanes, sous un pont, sur un grillage ou un poteau, ex-voto de fortune bricols sur le thtre d'une drle de guerre.

Dans les quartiers nord, on ne s'interroge pas pour savoir si ces assassinats ternissent l'image de la "capitale europenne de la culture 2013". A Malpass ou l'Estaque, on ne se pose plus la question de savoir si Marseille est dangereuse et/ou moins sre qu'avant. "Au Prado, c'est facile, tout est clair ! Ici, on est dans le noir, on est coups du monde comme Tchernobyl, et on a peur", tranche Baya Seddik, la mre de Nabil Badreddine. Elle pelle son nom : "Dans le journal, Marseille, ils n'ont pas t foutus de l'appeler correctement, ils lui ont mis mon nom de jeune fille."

"MON FILS M'APPELAIT LA BAC"

Elle a t vigilante, assure-t-elle. Quand Nabil a commenc scher l'cole, vers 14 ans, "pour un mal de ventre ou de tte" ou commenc la "reprendre" devant ses autres enfants, elle a voulu faire face. C'est l'ge o tous, ou presque, dcrochent dans la cit. Elle l'emmne mme un jour, son initiative, chez le juge pour enfants et rclame un internat loin de Font-Vert, "quitte rajouter quelques euros", dit-elle. En vain : "Pour qu'on s'intresse vous, il faut que vous battiez vos enfants", regrette-t-elle.

A la maison, elle surveille son Nabil, pose des questions quand il rentre dner. "Mon fils m'appelait la BAC", la brigade anticriminalit qui surveille les quartiers, sourit-elle. Quand elle rangeait sa chambre, il rlait : "Allez ! Encore une perquis'!" Je rpondais : "Chez moi, il n'y aura jamais de drogue ni d'armes." Un jour, sa voisine de Font-Vert l'interpelle : "Ton fils, il vend des barrettes en bas de chez toi." "J'tais comme une folle. J'ai pas boug pendant trois jours, en bas, mme la nuit, j'tais en pyjama avec une batte de base-ball : pour lui, je me suis mise dans la peau d'une racaille, ils m'ont traite de folle", raconte-t-elle. Puis, soucieuse sans doute d'viter ce dni si frquent chez ces femmes des cits : "Est-ce qu'il avait une autre vie cache ? Je crois pas."

Dehors, dedans. Double vie des enfants des quartiers. Toute la famille de Nabil s'en rappelle : il "tait le premier se souvenir de la Fte des mres", raconte sa petite amie. Nacer, l'autre jeune garon excut et brl cet t, appelait sa mre plusieurs fois par jour : "je fais ci, je suis l, j'achte des cigarettes au Mail", raconte-t-elle en pleurant. "Depuis ses 4 ans", assure, elle aussi, Malika Ben Amar, son an n'avait jamais manqu l'anniversaire de sa maman : "Il tait toujours le premier avec son bouquet de fleurs. Le dernier cadeau, avant sa mort, c'tait une cafetire Nespresso", se souvient la mre d'Erwann.

"JE FAISAIS TOUT POUR LUI, JUSQU' NGLIGER SA SUR"

Erwann. C'est ainsi qu'elle avait baptis son an. "O je l'ai entendu ce nom ? A la tl ? Je sais pas. J'tais partie sur Medhi mais je voulais un prnom rare, par amour, pour dire que mon fils est le plus beau garon du monde. Il n'y a pas tellement de prnoms rares en arabe." Comment dire mieux qu'Erwann tait son prince ? "Je faisais tout pour lui, jusqu' ngliger sa sur. Quand il tait bb, je ne travaillais pas, on allait deux heures au parc tous les jours aprs la sieste. Je n'allais pas cours Belzunce, l o c'est pas cher, je l'habillais tout en Catimini."

Pour ce fils qu'elle retrouvera donc sous un drap, l'hpital, quelques jours de ses 21 ans, cette femme de mnage dans un immeuble de douze tages avait tout mis de ct, "y compris [sa] vie sentimentale". Elle aussi fouillait la chambre qu'elle lui avait laisse, partageant l'autre avec sa fille. Et pour ne pas se retrouver comme ces mamans qui, en vidant la machine laver, dcouvrent un rouleau de billets dans la poche du jean de leur fils, elle n'inspectait pas seulement les sacs de sport qui tranaient dans la chambre. "Je regardais si le matelas et les coussins taient bien cousus comme l'origine", dit-elle.

Quand Erwann est arrt pour le braquage d'un bureau de tabac, alors qu'il prpare un BEP froid et climatisation au lyce Ampre, c'est la catastrophe. "Il tait sorti du quartier mais le quartier l'a rattrap." Le voil, moins de 18 ans, la prison de Luynes (Bouches-du-Rhne) - comme son jeune complice, qui, elle le sait dsormais, deviendra son assassin. "Il y avait trois parloirs, pendant dix-huit mois je n'y suis alle que le mercredi, pour lui faire comprendre." Le BEP est pass derrire les barreaux. "Quand Erwann est sorti, je lui ai dit : "Tu as compris ?" Il m'a jur qu'il ne boirait plus jamais l'eau de la fontaine de Luynes."

Plaque commmorative pour la mort de "Tolcio", le petit cambrioleur, situe entre le quartier de la Bricarde et celui de Verduron,  Marseille.

Dans les cits, Marseille, on ne dit pas "ami", ou "pote". On dit : "collgue". C'est avec un collgue, Abdelmajid, 18 ans, qu'en mai 2011, le petit Antoine Rodriguez s'est approch d'un peu trop prs du petit atelier d'un maon du 15e arrondissement, et est tomb sous les balles d'un 22 long rifle, cens refroidir le jeune cambrioleur de 14 ans. Pire : c'est pour rejoindre un collgue qu'Erwann, Nacer, Nabil ont tous quitt leur mre ou leur copine le jour de leur mort.

A chaque fois, le scnario se rpte, presque identique : c'est un ami de confiance qui organise le traquenard. "Tu sais quoi, ne me prpare rien, je vais manger avec les copains", a dit Erwann lorsqu'il est pass voir sa mre, 17 h 30, et l'a trouve allonge sur le canap. Dbut aot, Nacer, lui, a demand sa copine de l'emmener et de l'attendre cinq minutes dans la voiture au rendez-vous qu'on lui avait fix, puis de s'en aller si elle ne le voyait pas revenir : cela voudrait dire qu'il avait bien retrouv ses collgues. "Ceux qui les tuent, c'est ceux avec lesquels ils ont partag le goter", dit Mohamed Bonselmania, un travailleur social.

Entre elles, les mamans se connaissent aussi. Elles ont toutes grandi dans la cit, elles restent sans travailler, faisant le pain comme au bled, portant le voile ds qu'elles passent la porte, comme la mre de Nacer, ou qu'elles travaillent et s'habillent comme des jeunes filles, comme la maman d'Erwann. Certaines ont particip la marche des Beurs, partie en 1983 depuis Marseille, pour protester contre le racisme. Yamina Benchenni, la trs politique porte-parole de la toute jeune Association du 1er juin, dont Malika Ben Amar est membre, a vu son frre mourir en 1990 sous les balles d'un militant du Front national. Elles sont, presque 50 ans, de la gnration qui serrait les dents, mais qui se souvient l'unisson d'"une enfance heureuse". "Nos petites boums, les patins roulettes qu'on se fabriquait, a nous suffisait", soupire la maire socialiste du 8e secteur de Marseille, Samia Ghali.

"Aujourd'hui, 13 ans, ou 14 ans, la cit vous prend votre enfant", soupire Baya Seddik Font-Vert. Parfois mme beaucoup plus tt. "Tout peut commencer 9-10 ans avec l'histoire du Big Mac, explique une locataire des Oliviers. L'engrenage, c'est la canette et le sandwich." Ce hamburger, ce kebab ou cette pizza que le dealer, install sur son canap en ska pos en bas des blocs, demande aux petits d'aller acheter pour lui avec une canette de Coca. C'est la loi du trafic : on ne quitte jamais un point de vente parfois chrement gagn.

CE NE SONT PAS LES PATRONS DU DEAL QUI MEURENT

Royal, le dealer laisse toujours aux gamins la monnaie du petit billet : les voil ravis avec une glace, des bonbons, des gteaux. "L'tape d'aprs, c'est quand ils ne mangent plus le midi la maison, qu'ils vont acheter un McDo", raconte l'habitante des Oliviers. On connat ensuite la pyramide du business de la drogue : les chouffeurs (guetteurs), qui avertissent les collgues qu'il y a danger, policier ou autres ; le charbonneur, qui vend ; le "coupeur", celui qui dtaille le pain de cannabis ramolli en barrettes dans le four micro-ondes de la "nourrice", qui pour 1 000 euros par mois environ confie le double des cls de son appartement ; le "grant", charg de fermer le point de vente la fin de la journe ; le "portier", qui guide les clients, Marseillais comme il faut ou consommateurs venus de tout le sud de la France, et veillent sur eux dans la cit... Un vritable systme d'conomie parallle o le rseau embauche, dbauche et o rgnerait mme, selon certains, une sorte de "Medef des dealers".

Mais ce ne sont pas les patrons du deal qui meurent, le plus souvent. Pas ceux qui prennent pour avocats les tnors des barreaux toulousain et marseillais spcialistes du grand banditisme. Les rafales de kalachnikov (achetes 500 euros pice), les coups de couteau et l'essence jete sur les corps des malheureuses victimes n'ont parfois d'autre prtexte qu'une petite dette de shit, un SMS ou une phrase de trop rapporte dans une cage d'escalier, une bagarre qui ne passe pas, une querelle pour une fille...

C'est la pitaille qui meurt, laissant des mamans sidres d'avoir perdu un enfant. Parfois, comme les cads, ils aiment les lunettes de soleil, comme celles d'Al Pacino - Scarface reste le film culte des cits. Comme les cads, ils portent souvent des surnoms, mais pas tout fait du mme genre. "Marcassin" rgnait sur la cit des Flamands, "Buffle" sur celle des Iris, a-t-on appris lors d'un procs rcent Aix-en-Provence : quand les guetteurs tout coup criaient "arah, arah" - "attention", en arabe - pour prvenir d'un danger, on entendait l'air sortir des naseaux du dealer en fuite. "Yoyo", a simplement grav sur la tombe du pauvre Nabil sa maman, au cimetire de La Valentine. Son petit nom de bb et d'enfant...

Les rves de ces minots, c'est aprs l'Ad qu'on les cerne le mieux. Le 8 aot, cette anne. Pour fter la fin du ramadan, la famille offre toujours un petit billet aux enfants. On arbore alors le nouvel accessoire de la panoplie idale : le polo Lacoste, le survtement et la besace Chabrand, sans parler des chaussures : "Ce qu'ils gagnent, ils le mettent dans leurs pieds", dit drlement une maman. C'est parce que Baya croyait, ce vendredi funeste de mars 2013, que son fils portait ses Adidas neuves, et pas ses TN, autre marque culte des cits, que l'on a mis tant de temps identifier le corps calcin de "Yoyo", et qu'on a d pratiquer des tests ADN.

"Parfois, soupire une mre, c'est vrai qu'on se relche. On arrte de poser des questions. C'est quoi, ce blouson ? D'o il vient, ce scooter ? Il tait pas de cette couleur, le tien ! Ils rpondent toujours que c'est celui d'un copain. Ils se prtent tout, c'est vrai, donc on ne sait plus trs bien." Quid du costume Guess et des chaussures Prada ports au mariage d'une cousine, au Florida Palace ou Aux jardins de l'Alhambra ? "La limousine de location et les colombes qui sortent du gteau, on se dit parfois que l'argent vient pas du propre, mais en mme temps, on est l avec tout le monde, on connat les parents..." Amis, cousins, tantes, dans les cits des quartiers nord, chacun connat chacun.

Chez Malika Ben Amar,  Marseille, le 27 aot 2013.

Il suffit d'ailleurs parfois de moins d'une heure ou deux, quand un jeune garon est tu, pour que l'appartement de sa mre se remplisse de monde. C'est la crmonie des condolances, o on glisse la famille un billet pour l'enterrement, souvent en Algrie ou au Maroc, l o les "anges" ns et grandis Marseille n'ont gnralement jamais mis les pieds mais o les obsques sont gratuites et se trouve, prs du grand-pre, le caveau familial.

Souvent, l'assassin ou sa bande se mlent la masse des cousins qui viennent partager les "salakas", ces offrandes du repas de deuil. Dans l'ide de brouiller les pistes ou de lever les soupons, "ils arrivent pour manger le couscous du mort", murmure une maman. "L'assassin de mon fils est venu la morgue et son enterrement", raconte Malika Ben Amar. Il est tomb lui aussi cribl de balles, en mars, au pied de la tour K des Bleuets, 21 ans. Dans les quartiers nord, les mres disent, fatalistes : "Katel In khel", celui qui tue se fait tuer.

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