Cinq belles en tenue de plage 1938, culottes hautes et regards pétillants, deux grâces en une-pièce découpé aux hanches, d'une incroyable modernité, un déjeuner éclatant de soleil, la Fête de l'eau des années 30, le concours de maillot à Molitor en 1937, où des cuisses rebondies émoustillent visiblement les hommes massés dans les gradins. Voilà une exposition qui chatouille la nostalgie de ce Paris en noir et blanc et surtout celui des «Parisiennes en été» au chic indéfinissable présenté à la Cité de la mode et du design. Un immeuble-paquebot sur les docks, aux coursives recouvertes jusque début octobre de ces clichés de l'agence Roger-Viollet conservés par la Parisienne de photographie (1). Cyclistes et vacanciers, baigneuses dans la fameuse piscine Molitor (inaugurée en 1929 par Tarzan-Weissmuller), ravissantes habillées pour le thé, petits bourrelets qui dépassent des maillots à pois, nonchalantes étendues sur les quais en 1946… C'est la deuxième exposition organisée par la Parisienne en partenariat avec la Cité de la mode et du design: l'an dernier, ce furent des «Portraits de couturiers» qui ornèrent les murs de l'imposante bâtisse.
Baignade dans la Seine, près du Pont-Neuf. Paris, vers 1935. Photo Gaston Paris - Roger-Viollet.
En accès libre, on déambule sous le soleil, on rêvasse devant ces corps immobilisés dans un mouvement joyeux ou langoureux, on se surprend bêtement à se demander ce qu'a été sa vie, à cette si jeune femme, les bras levés, de la lumière dans les yeux. Bon, on peut aussi ne pas tomber dans la nunucherie nostalgique et contempler ces clichés pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire une très belle sélection des photographes de Roger-Viollet, de la fin du XIXe siècle, ces belles années 1880, aux sixties bientôt rock'n'roll: Léon & Lévy qui obtinrent en 1867 la grande médaille d'or de l'Empereur (et fermèrent leur studio en 1917), Albert Harlingue, photographe professionnel depuis 1905, qui saisit les personnalités du monde parisien mais qu'on connaît surtout pour son travail sur les gueules cassées de la Grande Guerre, Maurice-Louis Branger, qui immortalisa, entre autres, la fameuse crue de 1910. Citons encore Gaston Paris, photographe à l'hebdomadaire Vu dans les années 30, dont il partage les pages avec Laure Albin-Guillot (présente dans les coursives et qui organise un goûter d'enfants dans son jardin de Passy), André Kertész, Man Ray ou Robert Capa. Rien que ça. Ou encore Boris Lipnitzki, un russe installé en France, à qui le couturier Paul Poiret va présenter tout le beau linge parisien et qui va multiplier les clichés du monde et de la mode. Et franchement, on en aurait bien vu encore plus, des photos de ce monde-là.
La fête de l'Eau à la Piscine Molitor. Paris, vers 1930. Photo Gaston Paris. Roger-Viollet.
«Parisienne en été», Cité de la mode et de la musique, 34, quai d'Austerlitz, 75013 Paris. De midi à minuit. Jusqu'au 6 octobre. Entrée libre.
(1) La Parisienne de photographie assure depuis 2006 la reproduction numérique et la valorisation du patrimoine iconographique de la capitale (collections des musées, bibliothèques patrimoniales et fonds Roger-Viollet).
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