Il est rare que Manuel Valls avoue qu'il ne sait pas. Mais là, vraiment, il ne peut pas répondre à la question. Qui va remporter la primaire PS de Marseille ? Celle qui désignera le 13 octobre prochain, ou le 20 octobre en cas de - très probable - second tour, le candidat socialiste pour les prochaines municipales ? "C'est compliqué...", souffle le ministre de l'Intérieur, qui a pourtant multiplié ces derniers mois les déplacements dans la cité phocéenne. Le dernier en date a eu lieu le 20 août, en compagnie du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, après le treizième règlement de comptes depuis le début de l'année.
Marseille est pour le PS un enjeu majeur des prochaines élections locales. Un succès symbolique dans la deuxième ville de France permettrait de masquer une éventuelle débâcle de la majorité dans le reste du pays. Mais il est loin, très loin d'être acquis. Six candidats sont en lice pour tenter de battre la droite, en place depuis 1995. Pour aller affronter l'inamovible Jean-Claude Gaudin. Il y a la ministre Marie-Arlette Carlotti, le président de la communauté urbaine Eugène Caselli, la sénatrice Samia Ghali, les députés Patrick Mennucci et Henri Jibrayel et le conseiller général Christophe Masse. Ces deux derniers n'ont a priori aucune chance de l'emporter.
L'ombre de Guérini
Mais, entre les quatre autres, difficile de prendre la température. D'autant que les socialistes ne savent pas combien de personnes vont venir voter, puisque la primaire est ouverte à tous les sympathisants... Samia Ghali, qui s'est fait connaître du grand public en réclamant que l'armée vienne remettre de l'ordre à Marseille, pourrait réaliser un bon score, "créer une surprise, comme Montebourg à la primaire présidentielle, mais sans être en capacité de l'emporter", croit-on savoir Rue de Solférino.
Au petit jeu des rumeurs, très en vogue chez les socialistes marseillais, ceux qui ne veulent pas forcément du bien à Samia Ghali assurent que c'est elle qui aujourd'hui bénéficie des réseaux du boss, Jean-Noël Guérini. Le président du conseil général, embourbé dans plusieurs affaires judiciaires qui ont poussé le PS à placer cette fédération sous tutelle, reste influent. Son ancien poulain Eugène Caselli l'ayant déçu, il ne le soutiendrait plus.
La ministre déléguée aux Personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, ne voulait pas des primaires. Elle espérait un soutien plus important de François Hollande. "Je n'ai jamais vu le président la soutenir autrement qu'en la nommant ministre. C'est déjà pas mal", persifle un autre candidat.
"Tous les chemins mènent à la mairie"
Quant à Patrick Mennucci, ancien proche de Ségolène Royal, dont Manuel Valls dit qu'il est "le plus organisé", il sortira un livre le 10 septembre chez Flammarion, intitulé "Marseille ma ville".
Et il s'en remet aux signes... Lors de l'université d'été du PS à La Rochelle le week-end dernier, le député a loué avec sa famille et son équipe de campagne une maison. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant qu'elle était située entre la rue du Prado et la rue du Petit-Marseille. "On s'est dit : si tous les chemins mènent à Rome, celui-là mène à la mairie. Et on s'est promis de faire un quartier La Rochelle à Marseille", s'amuse-t-on dans son équipe. Parce qu'il faut bien trouver matière à rire.
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