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L'ex-ministre a tout déminé pour que son arrivée en vue des municipales se passe bien
Jacques Chirac a fait savoir à Nathalie Kosciusko-Morizet qu'il aimerait la recevoir. Quoi de mieux pour une très probable candidate à la mairie de Paris que d'être invitée par celui qui occupa pendant dix-huit ans l'Hôtel de Ville?? Il y a des rendez-vous qui tombent bien A 39 ans, NKM s'apprête à faire un choix de carrière décisif. D'ici quelques jours, elle officialisera son choix de sauter sur la capitale. Les trois conditions qu'elle s'était fixées avant de passer à l'acte sont sur le point d'être remplies. 1. Laisser François Fillon, le candidat naturel, annoncer lui-même sa décision de ne pas se lancer dans cette bataille. Ce sera chose faite au plus tard le 26 février. 2. Obtenir l'organisation de primaires ouvertes et transparentes. Le président de la fédération UMP de Paris, Philippe Goujon, les a présentées dans «?Le Journal du dimanche?», le 10 février. 3. Organiser sa succession à Longjumeau, la ville dont la députée de l'Essonne est maire depuis 2008. Le prochain conseil municipal aura lieu le 25 février.
Comme beaucoup de quadras, elle a une échéance en tête?: les primaires de 2016
«?L'élection, pour les hommes politiques, c'est le chiffon rouge du taureau. On fonce?», confie-t-elle. C'est à l'automne que tout a commencé. «?Tu devrais réfléchir à Paris…?» Plusieurs élus franciliens soufflent l'idée à l'oreille de NKM. Ils pressentent que Fillon n'est pas intéressé. Alors que la gauche a encore renforcé son emprise sur la capitale le 6 mai (pour la première fois, à la présidentielle, son candidat y a obtenu plus de 50?%), ils rêvent qu'une femme, geek, écolo, jeune, ose affronter, en mars 2014, Anne Hidalgo, l'héritière de Bertrand Delanoë. Bernard Debré est un des premiers à l'approcher. «?Celui qui récupérera, au nom de la droite, Paris ou la région Ile-de-France prendra un sérieux leadership pour la suite?», lui assure Thierry Solère, député des Hauts-de-Seine, en novembre. Pour une ambitieuse comme NKM, ce n'est pas le plus mauvais des arguments. «?Je ne comprends pas les hommes politiques qui n'aiment pas les élections, a-t-elle l'habitude de confier. L'élection pour nous, c'est le chiffon rouge du taureau. On fonce.?»
En cette saison où l'UMP commence une longue descente aux enfers, Nathalie Kosciusko-Morizet est aussi en pleine introspection. Si ces dernières années elle est devenue une vraie valeur montante, elle n'a pas réussi à se présenter à la présidence de l'UMP. «?Son image est un peu trouble, conclut alors un de ses proches, spécialiste de l'opinion. Nathalie a fait beaucoup de choses, mais elle a besoin d'un combat identifiant.?» Comme beaucoup de quadras, elle a une échéance en tête?: les primaires de 2016, qui serviront à la droite pour désigner son champion élyséen. Quel est le meilleur moyen pour s'y préparer?? Paris?: et si c'était cela la clé??
En coulisses, son bras droit, Grégoire de Lasteyrie, noue des contacts avec tous les réseaux influents de la capitale
«?Tout le pari de NKM est d'être la seule femme de la primaire?» de 2016, estime Xavier Bertrand. Comme souvent en politique, c'est un sondage qui fera tout basculer. Le 20 janvier, l'enquête publiée par le JDD promet 36?% à Anne Hidalgo et un score similaire à François Fillon et NKM?: 28?%. Pour l'ex-Premier ministre, c'est une vraie contre-performance. A l'UMP parisienne, les mots se font tout à coup aimables à l'égard de l'ex-ministre de l'Ecologie. Ceux qui ne voient pas son arrivée d'un bon œil s'étranglent. Soixante-douze heures avant la publication des résultats, Jean-Louis Borloo, qui entretient sans convaincre le mystère sur ses ambitions dans la capitale, y devinait déjà une manœuvre?: «?C'est une opération pour installer NKM si Fillon n'y va pas.?» De son côté, Rachida Dati, qui veut aussi être candidate, ironisait?: «?Résultat prévisible du sondage?: Fillon 80?%?; NKM 80?%?; et évidemment Dati -50?%.?»
Nathalie Kosciusko-Morizet passe, elle, à la vitesse supérieure. Elle acte que Fillon ne se lancera pas dans la bataille. Les barons parisiens sont réputés pour se débarrasser immédiatement de celui dont la tête dépasse?? Elle entreprend une vraie campagne de séduction et de déminage. Le 5 février, elle prend ainsi un verre avec le député Pierre Lellouche. Celui-ci se montre très ouvert. Le soir, elle dîne avec le sénateur Pierre Charon. C'est plus compliqué. Elle rencontre le président de la fédération parisienne du Parti radical, Patrice Gassenbach. C'est la première fois. Il est sous le charme. En coulisses, son bras droit, Grégoire de Lasteyrie, noue des contacts avec tous les réseaux influents de la capitale. Pour retisser les liens avec les milieux gays, très remontés contre l'UMP après sa guerre contre le mariage pour tous, le secrétaire national de l'UMP en charge de l'exception culturelle, Sébastien Chenu, leur donnera un coup de main. Avec l'ex-journaliste Jean-Luc Mano, devenu son communicant, elle règle les derniers détails?: Rachida
Dati sera son plus gros problème. Aujourd'hui, peu envisagent son succès face à Anne Hidalgo. «?Il y a des défaites qui sont des victoires?», fait remarquer l'ex-ministre Hervé Novelli. «?Avec ce combat, elle va cocher la case courage?», ajoute Xavier Bertrand. Selon le député de l'Aisne, «?tout le pari de NKM est d'être la seule femme de la primaire?» de 2?016.
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