mardi 5 février 2013

Hopper bat Picasso à Paris, avec plus de 784.000 visiteurs - Le Parisien

Publié le 03.02.2013, 12h29

L'Américain Edward Hopper a battu Picasso à ! Sa rétrospective au Grand Palais a été plébiscitée par plus de 784.000 visiteurs, signe de l'engouement des Français pour ce maître de l'image mais aussi pour ces grandes expositions événements.
"C'est beaucoup, beaucoup plus que prévu", s'exclame Didier Ottinger, directeur-adjoint du Musée national d'Art moderne et commissaire de l'exposition, interrogé lundi par l'AFP. "Le bouche-à-oreille a formidablement fonctionné", ajoute-t-il. "Même aux Etats-Unis, Hopper n'a jamais fait autant", assure-t-il.
Du 10 octobre au 3 février, l'exposition a réuni 164 oeuvres dont 128 d'Edward Hopper (1882-1967).
Ses chefs-d'oeuvre comme "Nighthawks" et ses drôles d'"oiseaux de nuit" assis dans un bar, mais aussi "Gas" et sa station-service étaient là et bien d'autres encore.
Prolongée de six jours en raison de son succès, l'exposition a culminé avec une ouverture en continu de 62 heures qui s'est terminée dimanche soir. Pendant ces trois jours et deux nuits, 47.949 visiteurs dont 14.262 noctambules se sont pressés au Grand Palais.
Au l'exposition a connu une fréquentation de 784.269 visiteurs, a annoncé la Réunion des musées nationaux (Rmn), organisatrice de l'événement avec le musée Thyssen de Madrid.
Elle devient ainsi la deuxième exposition la plus fréquentée du Grand Palais depuis plus de quarante ans, après "Monet" en 2011 qui avait attiré 913.064 visiteurs et devant "Picasso et les maîtres" en 2009, qui avait reçu 783.352 visiteurs.
A Madrid, l'exposition Hopper, dans une version un peu plus réduite et sans "Nighthawks", avait attiré 325.000 visiteurs, soit une fréquentation record pour le mysée Thyssen, selon la Rmn.
Scénario
A , ce type d'exposition événement au Grand Palais attire un public à 90% français, dit la Rmn qui n'a pas encore la répartition pour Hopper.
Le succès d'Hopper "traduit une passion française pour l'Amérique, sa culture, ses images", considère M. Ottinger. "Une Amérique qui ne se résume pas au consumérisme, une Amérique plus pensive, plus subtile plus humaine".
"Il prouve aussi l'intérêt pour le réalisme américain dont les Français ont été singulièrement sevrés. Pendant longtemps, on a présenté surtout l'art moderne américain de l'après-guerre", ajoute le commissaire. "On a occulté les peintres américains du début du XXè siècle. Hopper n'est que le brise-glace de cette tradition réaliste".
Fabrice Bousteau, directeur de la rédaction de Beaux-Arts Magazine, est aussi étonné par l'ampleur du succès.
"Avant l'exposition, nous avions fait faire un sondage auprès de nos lecteurs, pour connaître leur degré de désir par rapport à ce peintre. Moins de la moitié des sondés connaissaient son nom!", dit-il à l'AFP.
"En fait, les gens connaissaient certaines de ses images emblématiques. C'est de l'ordre de l'inconscient collectif et c'est ce qui explique ce succès phénoménal", ajoute M. Bousteau. "Les images de Hopper sont très cinématographiques. Face à elles, le visiteur est invité à imaginer le scénario d'un film".
La culture cinématographique de Hopper était grande et les réalisateurs comme Alfred Hitchcock ou Wim Wenders se sont nourris de son art.
La fréquentation élevée témoigne également de l'engouement des Français pour les grandes expositions. "C'est une spécificité française. Les musées et les expositions ont une place centrale dans leur idée de la culture, avec les livres et le cinéma", dit M. Bousteau.
Pour Nathalie Heinich, sociologue au CNRS, "cela traduit la hausse du niveau d'études des Français. Mais aussi l'intensification de l'offre grâce à l'augmentation des moyens des établissements culturels depuis trente ans". "C'est le fruit d'une politique culturelle".

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