mercredi 11 septembre 2013

A Paris, des arrondissements qui font tourner les têtes (de liste) - Libération

C'est devenu la petite blague récurrente lors des conférences de presse de l'équipe d'Anne Hidalgo. Comme ce mardi matin, où les portes-parole Bruno Julliard et Pascal Cherki reçevaient les journalistes dans un café du IIIe arrondissement. Sur la question des investitures, Bruno Julliard, sourire aux lèvres : «Il ne s'agit pas d'éviter les primaires à tout prix, mais d'être le plus vite en ordre de marche (...) Ce n'est pas un problème démocratique mais une question d'efficacité. Nous l'avons fait de manière publique, parfois plus que nous l'aurions voulu !» Et Pascal Cherki de se marrer, genre bon joueur : «Là, par rapport à ce qu'on est capables de produire, comme le congrès de Reims, c'est très calme. Comme on dit dans le vocabulaire nautique: vent force un !»

C'est que le sort de Cherki, député-maire du XIVe a été réglé à l'amiable - le sortant ayant accepté de ne pas prendre la tête de liste - et que son cas est pris en exemple par les socialistes parisiens, qui l'agitent façon «on s'engueule mais on garde le sourire». Sauf qu'en coulisses, tout le monde ne s'amuse pas autant.

Côté UMP, les visages qui la représenteront ne sont pas encore officiellement arrêtés. «En général, les sortants sont renouvelés, mais tout reste ouvert», nous explique un membre de l'équipe de campagne de Nathalie Kosciusko-Morizet, «pour l'instant, toutes les équipes se mobilisent pour Nathalie sur le terrain». Même son de cloche au porte-parolat de la candidate, qui affirme que rien ne devrait être décidé avant  novembre. Les listes complètes seront communiquées en janvier. Mais déjà, certains arrondissements posent davantage problème que d'autres. Tour d'horizon. 

Parti socialiste : quatre arrondissements encore en bisbille

IIIe : Deux candidats et «une vraie primaire», dixit Pascal Cherki. Le maire sortant Pierre Aidenbaum, sans cesse réélu depuis 1995, devrait être challengé par un membre du bureau fédéral des adhésions, nommé Denis Hubert.

IVe : Deux candidats se sont déclarés : le maire sortant, Christophe Girard, qui avait remplacé au pieds levé Dominique Bertinotti lors de son entrée au gouvernement en 2012, et la militante Madeleine Houbart. «La situation est assez simple, explique un militant investi dans la section, tout le monde accepterait un vote militant qui tranche. Christophe Girard n'a pas vraiment la légitimité d'un sortant, dans la mesure où il n'a ni été élu en 2008 ni été investi par les militants. Ce que la fédération, et surtout Anne Hidalgo, défendent, c'est qu'il prenne la tête de liste.» Indiquant que «pour des raisons de valeurs», un vote lui semblait nécessaire, ce militant estime également que Madeleine Houbart «n'a aucun intérêt à négocier. Si elle va au vote, elle a de grandes chances d'être investie. Ce serait plutôt à Girard de négocier.»

Mais la fédération ne semble pas l'entendre de cette oreille. Elle a prévu d'envoyer une équipe de médiation. Commentaire du militant : «L'équipe sera reçue, on va discuter mais il n'y a aucune raison de négocier une place en deuxième position sur la liste». Le militant évoque aussi des «pressions» de la fédération sur Madeleine Houbart et ses soutiens, pour qu'elle se retire : «Ils n'ont pas trop de moyen de pression parce que personne parmi les soutiens de Madeleine n'a de job à la mairie. Mais ils font dans la pression psychologique, en disant que ça va être terrible, qu'on va faire perdre Paris.» Contactée par nos soins, la fédération de Paris n'a pas encore donné suite.

XIIe : Comme dans le IIIe, l'actuelle maire se voit défiée. Michèle Blumenthal dispose de la légitimité des sortants, mais son adjointe Catherine Baratti est réputée plus populaire dans cette section. Un vote des militants devrait trancher cette question.

XVIIIe : Selon le porte-parolat d'Anne Hidalgo, «l'enjeu est symbolique, et non stratégique, contrairement aux XIIe, XIVe et IVe». En 2008, une primaire avait reconduit l'investiture de Daniel Vaillant, qui est élu dans l'arrondissement depuis 1989. Lequel voulait conserver son fauteuil, quitte à briser la règle du non-cumul chère à Anne Hidalgo, puisqu'il est aussi député. Il a alors proposé de démissioner de son mandat parlementaire afin de se consacrer à son arrondissement, mais a vite été convaincu des difficultés que poserait au gouvernement une partielle, risquant de faire perdre un nouveau siège au groupe socialiste à l'Assemblée, à quelques mois des municipales.

Face à l'équipe Hidalgo qui poussait la candidature de Myriam El Khomri, Daniel Vaillant entendait néanmoins placer son poulain Eric Lejoindre. «On aurait pu passer en force et dire «on réserve le XVIIIe à une femme (...) mais on va le faire dans un processus où on va discuter, rien n'est figé. On permet à Eric de se présenter», commente Pascal Cherki.

UMP : Entre «besoin de renouvellement» et acrobaties diplomatiques

IIe : Le conseiller municipal sortant, seul dans l'opposition de l'arrondissement, Christophe Lekrieffe convoite la tête de liste. Mais Hélène Delsol, par ailleurs présidente d'une association locale, Coeur2Paris, s'y verrait bien aussi.

Ve : Cet arrondissement pourrait être difficile à garder à droite, si l'on se fie au score de François Hollande à la présidentielle (55,6%). L'ancien maire de Paris et actuel maire d'arrondissement Jean Tiberi, qui n'avait pas soutenu NKM à la primaire, se verrait bien garder son siège ou le céder à son fils Dominique. Mais Nathalie Kosciusko-Morizet est peu enthousiaste : «Il n'y a pas de droit de suite mais pas d'interdiction a priori non plus»,a-t-elle déclaré. Une candidature de l'administratice générale de la Comédie française, Muriel Mayette, recueillerait davantage ses faveurs.

XIe et XIIe : Personne n'est encore désigné, nous affirme un membre de l'équipe de campagne de NKM.

XIIIe : Avec l'inégilibité de Chenva Thieu, qui était candidat à la primaire et a apporté, en direct lors d'un débat télévisé cet été, son soutien à NKM, l'UMP n'a plus de candidat «naturel».

XIVe : Nathalie Kosciusko-Morizet a opté pour cet arrondissement. Mais Marie-Claire Carrère-Gée, actuelle conseillère UMP du XIVe, dénonce un parachutage et estime dans une interview à Metronews que l'ancienne maire de Longjumeau s'est «auto-investie». Les deux femmes devraient s'affronter, puisque Marie-Claire Carrère-Gée refuse de se retirer. Un choix qui pourrait lui coûter cher, puisque Philippe Goujon, président de la fédération UMP de Paris, a demandé des sanctions à son encontre.

XVe, XVIe, XVIIe :«Il y a un besoin de renouvellement, souffle un un membre de l'équipe de campagne de NKM, mais cela ne se jouera pas forcément sur les têtes de liste». Les sortants ne l'entendent évidemment pas de cette oreille. Dans le XVe, l'actuel maire et député de Paris Philippe Goujon, par ailleurs président d'une fédération qui n'a pas vraiment poussé la victoire de NKM à la primaire, entend se maintenir, tout comme le député-maire Claude Goasguen dans le XVIe et la maire et conseillère régionale Brigitte Kuster dans le XVIIe.

Dans ce dernier arrondissement, l'ancien directeur général de la police nationale Frédéric Péchenard se verrait bien raffler la tête de liste. «Rien n'est acté, mais Frédéric Péchenard devrait être présent sur une liste, et s'occuper des questions de sécurité si NKM est élue», a déclaré lundi 9 septembre à l'AFP un proche de Nathalie Kosciusko-Morizet. Or, cela ferait passer le député filloniste Bernard Debré en troisième position sur la liste, parité oblige. «La place [de numéro 2] a été garantie à Bernard Debré» par l'entourage de Nathalie Kosciusko-Morizet, a affirmé à l'AFP, ce mardi, une source proche de son entourage. Une autre indique que Péchenard pourrait être envoyé vers un autre arrondissement. 

Quels que soient les candidats, ces arrondissements de l'ouest ne sont cependant pas trop risqués pour la droite, qui devrait les conserver.

XVIIIe : Le malheureux candidat à la primaire, rallié depuis à NKM, Pierre-Yves Bournazel aimerait prendre la tête de liste dans cet arrondissement qui l'a élu conseiller de Paris en 2008. «On a pris acte» se borne à nous répondre, laconique, un membre de l'équipe de campagne, ajoutant : «il y a aussi des jeunes qui émergent». Reste également à trancher le cas de la conseillère d'arrondissement Roxane Decorte, qui avait mené la liste en 2008. NKM a déclaré qu'aucune personne condamnée ne figurerait sur les listes ; or, celle-ci l'a été, en décembre 2011, pour abus de confiance. Une affaire qui lui avait coûté 6800 euros d'amende et quatre mois de prison avec sursis.

XIXe :«Besoin de renouvellement» là aussi, pour cet arrondissement où l'UMP dispose de trois conseillers de Paris sortants : Anne-Constance Onghena, Jean-Jacques Giannesini et Alain Dorison. Pour l'instant, aucune tête ne dépasse clairement des autres.

XXe : Dans cet arrondissement, l'UMP ne dispose d'aucun siège de conseiller de Paris - pas même d'un seul élu d'arrondissement. Tout est donc à conquérir. On murmure que Rudolph Granier, proche de NKM et responsable de l'Union des jeunes pour le progrès (de tendance gaulliste), verrait sa candidature poussée par l'ancienne ministre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire