mercredi 11 septembre 2013

Matchs à haut risque à Paris comme à Marseille - France Inter

Par Charlotte Chaffanjon, journaliste politique à l'hebdomadaire Le Point

 

anne hidalgo l'emporterait au second tour des municipales à paris

© reuters - 2013

Il ne s'agit pas de football, mais bien de politique, puisque je veux parler des élections municipales. Elles auront lieu les 23 et 30 mars 2014. Autant dire demain.

Évidemment, à mi-mandat, elles auront valeurs de test pour le pouvoir. Paris et Marseille seront fatalement symboles de réussite ou d'échec. Pour l'instant, la situation dans la première et dans la deuxième ville de France est des plus inquiétantes pour la majorité.

« Ca va être la bérézina », souffle carrément un député socialiste. Il croit dur comme fer que la gauche va perdre Paris. Et cet avis est de plus en plus partagé au PS, alors que cela semblait totalement impensable il y a quelques semaines.

 

- Que disent les sondages ?

À Paris, comme à Marseille, le mode de scrutin par arrondissement ne permet pas de s'appuyer sur les sondages pour anticiper le résultat. Mais, tout de même, ils traduisent un climat. Et à Paris, l'écart entre la candidate de l'UMP NKM et celle du PS Anne Hidalgo ne cesse de se resserrer…

Pendant que le FN monte ! L'héritière de Bertrand Delanoë ne séduit pas. Elle est jugée par les siens comme n'étant « pas assez moderne », « pas assez rassembleuse », trop « autoritaire » et j'en passe. La situation à Marseille est encore plus inquiétante. Imaginez : le PS n'a toujours pas de candidat face au maire sortant, l'UMP Jean-Claude Gaudin !

 

- Le PS organise une primaire à Marseille les 13 et 20 octobre. Une primaire… C'est dans l'air du temps !

Mais c'est trop tard. Le cas de Marseille est particulier. Le contexte délicat. La ville est sous les feux des projecteurs pour ses problèmes de violence. Si la gauche voulait réellement gagner cette ville, il fallait imposer quelqu'un capable d'incarner l'alternative à Jean-Claude Gaudin... Et aussi à Jean-Noël Guérini. Lui, c'est le boss du PS local, mis en examen à plusieurs reprises. Et dont le PS semble incapable de se débarrasser.

François Hollande pensait imposer Marie-Arlette Carlotti en la nommant ministre déléguée aux handicapés. Ce poste devait la légitimer auprès des sympathisants socialistes de Marseille. Mais cela n'a pas marché. Il faut dire que Hollande n'a plus jamais bougé le petit doigt pour la soutenir. Alors, même si elle parvient à être désignée candidate du PS aux municipales, sa tâche sera compliquée. Et il y en a un qui se frotte les mains, c'est Jean-Claude Gaudin !

 

- François Hollande ne pouvait rien faire.

Alors, pour ne pas être d'une totale mauvaise foi, rendons au président ce qui est à Hollande. Voilà ce qu'il disait en 2012, juste avant l'élection présidentielle, à Mayotte :

Je ne veux pas être chef de tout je veux pas être chef de parti c'est ce qu'a fait Nicolas Sarkozy, je ne pense pas que c'était la bonne démarche.

 

Cet engagement là, il le tient, on ne peut pas dire le contraire. François Hollande laisse les siens se débrouiller. C'est le PS, et son patron Harlem Désir, qui organise les municipales. « Et puis ce n'est pas parce que le président s'en mêle que ca va changer quelque chose », nous fait remarquer un conseiller de François Hollande à l'Elysée en parlant du cas de Marseille. Sous-entendu, la ville est perdue, ce n'est pas non plus la peine que le président se mouille et soit associé à la défaite.

Pourtant, c'est bien Hollande qui, en marge du G 20 à Saint Petersburg la semaine dernière, a avancé l'idée d'un pacte national pour lutter contre la violence à Marseille. Il est vrai que le gouvernement ne peut pas rester inactif face aux règlements de compte qui s'enchaînent, mais un député PS ne cache pas sa stupéfaction : « Le pacte national, c'est une connerie sans nom, parce que ca nationalise l'enjeu des municipales » dit-il.

En fait, il n'y a semble-t-il pas de bonnes solutions et le PS n'a plus qu'un défi à Marseille : limiter les dégâts.

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