PARIS - Les élus parisiens du Front de Gauche veulent soumettre au vote lors du prochain Conseil de Paris des 14 et 15 octobre un "vœu" réclamant la création dans le huppé XVIe arrondissement d'un village d'insertion à destination de la population Rom.

Un "vœu", qui n'a pas de valeur juridique à l'inverse d'une "délibération" du Conseil de Paris, mais qui permet à un groupe politique d'interpeller l'assemblée municipale sur un sujet d'actualité et de susciter un débat.

Le plus vaste arrondissement de Paris

Le vœu que proposera Ian Brossat (PCF) en séance dans dix jours fait notamment valoir qu'"en Ile-de-France vivent 10.000 des 17.000 ressortissants Roms en France, (...) dans des conditions de misère extrême, indignes de notre pays". Et que "considérant la volonté du gouvernement de voir créer 50 villages d'insertion à travers la France", la Ville de Paris doit aussi prendre une part "active" à cette politique.

Comme le XVIe est le plus vaste arrondissement de la capitale et qu'il a perdu plus de 40.000 habitants en 40 ans d'après l'Insee, est-il souligné, il semble ainsi tout désigné pour participer à la solidarité avec les Roms et à accueillir un village d'insertion, aux yeux des élus FG.

Des HLM avenue Foch

"Plutôt que de stigmatiser et d'instrumentaliser cette question il faut trouver des solutions et répartir l'effort de solidarité entre les arrondissements", a dit à l'AFP Ian Brossat (PCF), chef de file des élus communistes et du Parti de Gauche à Paris, lui-même élu du XVIIIe arrondissement.

"Je pense que la gauche doit être à l'offensive sur cette question des Roms et ne doit pas emprunter le discours de la droite comme le fait Manuel Valls", a-t-il ajouté.

Interrogé par l'AFP, le député-maire UMP du XVIe, Claude Goasguen, a parlé de "déclarations farfelues". "Cela m'amuse", a-t-il dit, "on avait Jean-Marie Le Guen (adjoint au maire PS, ndlr) qui il y a quelques mois voulait mettre des HLM au milieu de l'avenue Foch, maintenant on a Ian Brossat qui veut mettre des Roms dans le XVIe, on peut toujours dire n'importe quoi".

Le Lab d'Europe 1 s'est procuré l'intégralité des arguments développés par les élus Front de gauche que Le Lab a pu se procurer. Notons que le document présente une coquille dans la date, il s'agira bien du Conseil de Paris des 14 et 15 octobre.

Voeu Village d'Insertion

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  • Les Roms ("homme" en langue romani) sont issus de la plus grande et plus pauvre minorité ethnique d'Europe. Pointés du doigt, mal connus des populations et souvent cibles de violences, les Roms sont victimes depuis des décennies de préjugés persistants. Sources: AFP / Collectif Romeurope

  • "Roms, gens du voyage, c'est la même chose"

    Les gens du voyage sont des nomades de nationalité française, pour lesquels les communes sont tenues d'aménager des aires d'accueil. L'appellation de "rom" se réfère elle à une origine ethnique et désigne la plupart des temps des ressortissants roumains et bulgares.

  • "Ce sont des nomades"

    Contrairement aux gens du voyage, les Roms sont sédentaires dans leur pays d'origine. C'est leur pauvreté et les expulsions à répétition qui les contraignent à un mode de vie nomade.

  • "Les Roms aiment vivre dans des bidonvilles"

    On estime entre 15.000 et 20.000 Roms installés en France, la grande majorité vivant dans des bidonvilles, campements illicites ou dans la rue. Mais ce n'est qu'une manifestation de leur extrême pauvreté. La circulaire d'août 2012 prévoit des solutions de relogement lors de l'évacuation des camps illégaux. Solutions rarement proposées.

  • "Ils mendient et volent au lieu de travailler"

    Les ressortissants roumains et bulgares sont soumis à des "mesures transitoires" qui limitent fortement leur accès au travail. Ceci explique en grande partie le recours contraint à la mendicité et au travail clandestin, voire à des activités illégales. La police considère que les plus gros campements sont des foyers de délinquance (cambriolage, prostitution, vol de cuivre...), sous la coupe de bandes dirigées depuis la Roumanie ou la Bulgarie.

  • "Ils n'ont pas le droit de venir en France"

    En tant que citoyens européens, les Roms, pour la plupart originaire de Roumanie et de Hongrie, bénéficient du droit à la libre circulation.Ils quittent souvent leur pays pour fuir les discriminations et les conditions économiques difficiles.

  • "Ils apportent des maladies"

    Les maladies qui sévissent dans les campements Roms n'ont pas été importées mais sont le résultat des conditions d'hygiène des bidonvilles où ils se sont installés. La plupart du temps, les familles n'ont accès ni à l'eau, ni à des sanitaires, ni à l'électricité. Seul moyen pour eux de se soigner: l'aide médicale d'Etat (AME), que la droite et l'extrême droite veulent supprimer.

  • "Ils profitent des aides sociales"

    Les citoyens Roumains et Bulgares séjournant en France depuis moins de trois mois ne bénéficient d'aucune protection sociale. Une domiciliation reconnue par l'administration est nécessaire ensuite pour prétendre à des aides.

  • "Les Roms n'envoient pas leurs enfants à l'école"

    Les réticences des administrations municipales, l'instabilité des lieux de résidence (accélérée par les expulsions) et les coûts expliquent dans la majeure partie des cas la déscolarisation des enfants roumains et bulgares.