Enquête ouverte pour harcèlement à l'Opéra de Paris - Le Parisien

L'affaire avait secoué le petit monde de la culture. Au printemps 2012, le tribunal de prud'hommes avait condamné l'Opéra de Paris pour harcèlement moral à l'encontre de deux salariés qui avaient été rétrogradés. La première, Fabienne Marton, cadre déplacée à l'accueil, avait bénéficié de 20000 € de dommages et intérêts (l'Opéra a fait appel de cette décision); la seconde, cadre à la programmation, s'était vu proposer des postes qui n'existaient pas et avait perçu en conséquence 15000 €.

Selon nos informations, le dossier n'en est pas resté là. En effet, à la demande de la garde des Sceaux, le parquet de Paris a ouvert à la fin 2012 une enquête préliminaire pour harcèlement et discrimination. Par ailleurs, la chef de cabinet d'Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et de la Communication, a saisi les services de la Direction générale de la création artistique afin d'examiner ces « difficultés » avec une « particulière attention. » Une enquête de l'inspection du Travail du XIIe arrondissement de Paris, siège de l'établissement qui chapeaute l'Opéra Bastille et la salle Garnier, est également en cours.

La direction s'en étonne

« Même si les décisions des prud'hommes ne concernent que deux personnes, le harcèlement dont elles ont été victimes n'est pas un acte isolé, estime Me Olivier Villevieille, l'avocat de celles-ci. C'est tout un management qui est mis en cause et sur lequel le parquet de Paris enquête actuellement. » La police procède depuis plusieurs mois à des auditions, représentants syndicaux en tête — notamment CGC, CFDT, SUD et FO, qui se sont portés parties civiles. « Des salariés sont victimes de harcèlement et de discrimination en raison des critiques qu'ils ont exprimées publiquement sur la manière dont certains syndicats ont été favorisés en échange de la signature d'accords et de la paix sociale », estime quant à lui Adrien Perreau, qui fut jusqu'à cette année et pendant dix ans président de la commission économique et financière du comité d'entreprise de l'Opéra.

La direction, elle, s'étonne. « J'ignorais qu'il y avait une enquête préliminaire en cours, déclare, surpris, Christophe Tardieu, directeur adjoint de l'Opéra de Paris. Si nous sommes auditionnés, nous répondrons en toute sérénité aux interrogations des enquêteurs. Cependant, si au bout d'un an, la direction n'a pas encore été sollicitée, on peut s'interroger sur le degré de gravité de ces faits supposés. Il n'y a évidemment aucune volonté de harcèlement de notre part, d'ailleurs le fait qu'il n'y ait eu aucun spectacle annulé depuis deux ans est la preuve d'un climat social apaisé. »