dimanche 28 octobre 2012

A Toulouse, les socialistes serrent les rangs derrière le gouvernement - Le Nouvel Observateur

TOULOUSE (Sipa) -- Les socialistes ont serré les rangs samedi derrière le gouvernement, en dégringolade dans les sondages et accusé d'amateurisme par l'opposition.

Nombreux étaient les ministres à avoir fait le déplacement au Parc des expositions de Toulouse pour assister au premier congrès du PS depuis que la gauche a reconquis le pouvoir. Tous s'étaient donnés pour mission de défendre l'action du gouvernement de Jean-Marc Ayrault et de faire front uni contre les critiques de l'opposition.

Arrivé dans la matinée, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a appelé les socialistes à rester "cohérents, soudés et avec un cap". "Hollandais historique", il a admis: "on a passé des moments difficiles les uns et les autres, on sait que la situation n'est pas facile". "Mais on doit être là pour être une boussole, garder le cap et surtout ne pas laisser le doute s'installer, donc il faut rassurer", a-t-il insisté.

Après lui, c'est le ministre de l'Intérieur Manuel Valls qui a volé au secours du Premier ministre. Le plus populaire des membres du gouvernement s'est dit "fier" d'être ministre de Jean-Marc Ayrault, "un Premier ministre disponible, à l'écoute, qui arbitre et qui tranche".

Virulent et enflammé à la tribune, le ministre de l'Intérieur a jugé que la gauche française était "à un moment de vérité". "Nous sommes au coeur de l'histoire, au coeur de la promesse de la gauche. Nous n'avons plus le luxe de commenter, de critiquer. Nous devons agir et démontrer que la gauche peut transformer la France dans la durée. Aucun de nous n'attendait de satisfecit, de concours de louanges ou de commentaires compatissants. Qui pouvait croire que le chemin allait être facile?".

A son tour, le ministre de l'Economie Pierre Moscovici s'est employé à défendre le gouvernement, affirmant qu'il "est à la tâche". "Nous donnons le meilleur de nous-mêmes", a-t-il assuré. "C'est parce que c'est difficile que nous allons réussir", s'est-il exclamé, admettant que le premier combat du gouvernement était celui de "la confiance". "Nous avons besoin d'un PS fort, uni, rassemblé, au côté du gouvernement pour gagner la bataille de l'emploi", a-t-il lancé à ses camarades.

Jean-Marc Ayrault "assume" et "revendique" sa politique

Malmené dans les sondages, le Premier ministre est lui-même venu samedi à Toulouse, pour rechercher soutien et affection auprès des cadres et militants du parti, se réservant pas moins de trois entrées, suivies de trois ovations, dans la salle du Parc des expositions.

"Je revendique ma méthode: celle de la mobilisation de toutes les forces du pays, de la fédération de toutes les énergies, de l'adhésion des Français à des solutions durables qui permettent d'ancrer le changement dans la durée. Je revendique le choix de la négociation, au risque d'être parfois critiqué sur le rythme des réformes", a-t-il précisé.

"J'assume qu'il ait fallu plusieurs mois pour parvenir à un accord historique sur les dépassements d'honoraires. J'assume le fait d'avoir pris le temps de la négociation pour le contrat de génération et je me félicite qu'elle vienne de se conclure. J'assume le choix qui conduira à une meilleure mise en oeuvre de ce projet essentiel dans notre guerre contre le chômage. J'assume le fait que la grande messe sociale n'ait pas été une grand-messe médiatique d'un jour. J'assume et je revendique!", a-t-il proclamé.

Martine Aubry, superstar du PS

Gagnante incontestée à l'applaudimètre, Martine Aubry, première secrétaire du PS de 2008 à 2012, a également soutenu vigoureusement l'action du gouvernement, en invitant la gauche à se réjouir du travail déjà accompli et à concentrer ses attaques sur l'opposition.

"Principal soutien" du Premier ministre Jean-Marc Ayrault et "principale militante du gouvernement" : voilà comment s'est présentée la maire de Lille. "Ne nous laissons pas impressionner et évitons surtout de créer nous-même les difficultés", a-t-elle lancé, appelant les militants à être "fiers" des réformes déjà accomplies. "Arrêtons de parler dans la presse, les Français veulent nous voir comme un seul bloc", a-t-elle poursuivi, avant de citer François Mitterrand : "Gardons la nuque raide quand nous pensons que ce que nous faisons est juste".

Se disant heureuse de passer le flambeau à Harlem Désir, Martine Aubry a toutefois précisé: "Je suis partie, mais je parle toujours. Je continuerai à être une militante". "Quand je crois à quelque chose, je ne lâche pas".

Le gouvernement rappelé à ses engagements

Loin de suivre le conseil de Martine Aubry, le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis a appelé samedi par le biais des médias le gouvernement à amplifier la contre-attaque contre la droite, signe supplémentaire de l'impatience de certains au PS et à gauche.

En outre, plusieurs intervenants ont rappelé le gouvernement à ses engagements sur le droit de vote des étrangers, le non-cumul des mandats ou la parité. Trois promesses de campagne de François Hollande encore dans les cartons.

"L'engagement en faveur du droit de vote des étrangers est un engagement politique" et "cet engagement là n'est pas ouvert à la négociation", a affirmé à la tribune le ministre de l'Economie solidaire, Benoît Hamon. "Nous prônons le partage des richesses, nous devons aussi partager le pouvoir", a ensuite tonné une des ses proches, la députée Barbara Romagnan, à propos du cumul des mandats. Et l'ancienne ministre de la Justice Elisabeth Guigou d'abonder :"Nous avons une grandeur à accomplir".

cd/hf/mw

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire