Ségolène Royal opère un retour en douceur sur la scène politique, après sa convalescence estivale. "L'horribilus" mois de juin s'éloigne chaque jour un peu plus, et avec lui la souffrance personnelle causée par le tweet de Valérie Trierweiler, mais aussi la blessure politique par sa défaite aux élections législatives à La Rochelle.
Il y a une semaine, elle a accordé une interview au Monde. En posant, visage grave sur fond noir - la période commande le sérieux -, elle mettait aussi une première pierre sur le chemin de sa nouvelle vie. Elle réclame bien sûr une "place dans le dispositif", comme elle l'a dit au Point, mais se contente pour l'instant de se définir comme "une militante qui n'est pas dans une posture critique".
Elle se permet tout de même de féliciter le président pour la première phase du quinquennat, qualifiée d'"opération réussie". Elle se permet surtout dans Le Monde de lui réclamer de "passer à une nouvelle phase" : "celle des réformes de structure promises dans le programme présidentiel : réforme du système financier, réforme fiscale, révolution écologique, avenir de la jeunesse". "En un mot, après l'opération-vérité, passons au rêve français !"
Salle distraite et bavarde
Ce n'est pas autre chose qu'elle est venue dire ce vendredi à la tribune du congrès du PS. Débarquée à Toulouse de Paris, dans l'avion de 12 h 50, la présidente de la région Poitou-Charente investit la scène à 16 h 20. Robe grise, veste beige, chaussures vernies beiges, elle se présente sage, à mille lieues de ce qu'elle était lors du dernier congrès PS.
C'était en novembre 2008, à Reims. Elle briguait la succession de François Hollande au poste de premier secrétaire. Dans un discours habité et provocant, elle suggérait une consultation militante sur la question des alliances avec le MoDem sous les huées de la salle, qui scandait "à gauche, à gauche". Royal concluait, mystique bien que citant Jean Jaurès : "Nous sommes le socialisme, levons-nous, vertu et courage, car nous rallumerons tous les soleils, toutes les étoiles du ciel. Nous sommes les socialistes. Il reste tant à faire, alors faisons-le, nous sommes les socialistes, tous ensemble."
"Il faut la redresser, cette cote !"
Quatre ans plus tard, la salle ne la hue plus. Les congressistes sont bavards et distraits, lorsque Royal, dans son propos liminaire, est plus sage que jamais. "Je forme le voeu que le rassemblement et la force des socialistes aident notre président et notre Premier ministre à poursuivre la politique difficile qu'ils ont engagée pour réduire les inégalités et pour redresser notre pays dans la justice."
Ils sont tout aussi peu attentifs lorsque l'oratrice rappelle les engagements du président et le presse de les respecter. Sur le pacte de croissance ajouté au traité européen, par exemple, elle lance : "Mettons-le en oeuvre." Sur la réforme bancaire qui tarde à venir : "Transformons nos engagements en acte. Ayons le courage de lever tous les faux obstacles."
Lorsque Royal achève son discours, elle répond aux journalistes au pied de la scène. Et c'est là qu'elle se libère, car elle a une idée bien arrêtée sur la manière dont le gouvernement peut se sortir de cette mauvaise passe. "Il faut de la méthode, estime-t-elle. Il faut avancer pas à pas, sans ralentir le rythme." Elle se veut confiante - "On sort d'une période de rodage pour entrer dans un rythme de croisière" -, mais réclame de la pédagogie. "Les Français doivent comprendre le sens des efforts qui leur sont demandés, expliquer les raisons des sacrifices", juge Royal, qui estime qu'il faut donner matière à "envisager la sortie du tunnel". Car, interrogée sur la mauvaise cote de popularité du couple exécutif, elle consent : "Il faut la redresser, cette cote !"
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