mardi 30 octobre 2012

Tennis : Paris-Bercy, le Masters sans master - Le Point

Qui dit Masters 1 000 dit meilleurs joueurs du monde. Plus qu'un simple nom, c'est un label de qualité : sur une saison, neuf tournois répondent à cette appellation (Indian Wells, Miami, Monte-Carlo, Madrid, Rome, Toronto, Cincinnati, Shanghai, Paris) ce qui en fait la catégorie la plus relevée du circuit - juste après les quatre "majeurs" (Open d'Australie, Roland-Garros, Wimbledon et US Open). Pourtant, de tous les Masters 1 000 du circuit, c'est définitivement le tournoi de Paris-Bercy qui pose le plus de problèmes aux "top players" qui brillent plus par leur absence ou leur état de forme en berne que par leurs coups d'éclat.

En effet, d'ordinaire les faits d'armes du "Big Four" (Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic, Andy Murray) sont indécents d'efficacité : en 2011 et 2012, tous les Masters 1 000 (17) ont été remportés par un des quatre meilleurs joueurs du monde. Mieux, depuis 2007, 45 de ces tournois ont vu les Nadal, Federer, Djokovic et autres Murray s'imposer (sur 53 éditions). Et c'est la capitale française qui réussit le moins bien au top 4 mondial. Andy Murray n'a jamais dépassé le stade des quarts de finale à Paris tout comme Novak Djokovic avant et après 2009, année de son unique sacre en terre parisienne.

Placement fatal

Du côté des outsiders, David Nalbandian a gagné en 2008, Jo-Wilfried Tsonga en 2009 et Robin Soderling en 2010. Aucun autre Masters 1 000 ne célèbre aussi souvent les "autres joueurs" du circuit. Un phénomène d'autant plus étonnant que l'Association des tennismen professionnels (ATP) impose au gratin mondial de participer à tous les Masters 1 000 (à l'exception de Monte-Carlo). Les joueurs n'ont donc pas d'autre choix - sauf blessure - que d'être présents. Et malgré tout, ils réussissent moins à Paris qu'ailleurs.

L'explication est simple. Le calendrier auquel les tennismen doivent se soumettre est si dense que les fins de saison se jouent parfois sur la pointe des pieds et en marchant sur des oeufs. Dernier Masters 1 000 de la saison, l'épreuve hexagonale est le parent pauvre des tournois répondant à cette appellation. En effet, l'édition francilienne est fatalement intercalé entre une tournée asiatique éprouvante s'achevant par un autre Masters 1 000, à Shanghai (finale remportée par Djokovic face à Murray, le 14 octobre dernier) et entre la grande finale mondiale de Londres mettant aux prises les huit meilleurs joueurs du monde.

70 matches par saison

À l'entame de Paris-Bercy, le "Big Four" a donc déjà la tête à l'échéance britannique qui débute... le lendemain de la finale parisienne ! Autant dire que le tournoi de la capitale est particulièrement mal placé pour des organismes qui doivent subir près de 70 matches par saison et auxquels s'ajoutent les résidus du décalage horaire asiatique. Ce ne sont ni Rafael Nadal (seulement trois participations à Paris) ni Roger Federer (forfait en 2004, 2005, 2006 et 2012) qui diront le contraire. Et cette année ne déroge pas à la règle. L'Espagnol, blessé depuis le mois de juin, se bagarre toujours avec un genou fragile loin de l'enceinte de l'Est parisien tandis que le Suisse, éprouvé par une finale perdue à Bâle, a préféré prendre soin de ses petites douleurs en déclarant forfait à Paris pour se préserver... en vue de Londres !

Alors, la rumeur selon laquelle la finale de fin d'année pourrait de dérouler dans un avenir proche au Brésil n'arrange en rien les affaires de Guy Forget, le directeur du tournoi de Bercy. Dans ce cas, les meilleurs joueurs du monde devraient donc enchaîner Asie, Europe et Amérique du Sud en l'espace de trois semaines. Dès lors, comment les imaginer jouer à fond chacun des tournois se déroulant sur les trois continents ? À ce petit jeu-là, c'est à coup sûr l'étape parisienne qui va payer les frais.

"Une situation très dangereuse" (G. Forget)

"Coller à la finale annuelle est une situation très dangereuse dont il faut se sortir au plus vite", assure Guy Forget. L'ancien capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis, vainqueur à Bercy en 1991, connait mieux que quiconque le problème du calendrier ATP. Il envisagerait même de repositionner le Masters 1 000 français : "L'une des options, c'est qu'on soit déplacé en début de saison et qu'on devienne du coup le premier Masters 1 000 de l'année." L'ATP devrait donner sa décision d'ici à la semaine prochaine en vue d'un changement prévu pour 2014. "Nous sommes même prêts à organiser Paris-Bercy dès février 2013", a-t-il lâché. Vraisemblablement, le tout nouveau directeur du tournoi est pressé.

Peut-être en a-t-il assez de voir son Masters 1 000 être depuis des années le théâtre de la qualification à la finale londonienne. En effet, le "Big Four" est loin devant ses concurrents au classement et au courant depuis longtemps de sa présence à Londres. Une certitude dont ne peuvent pas se prévaloir les joueurs classés entre la 6e place et la 13e place mondiale. Encore susceptibles de perdre ou de valider leur ticket pour Londres, les derniers billets valent cher et c'est une véritable course aux points qui se déroule à Paris. D'où les belles performances des tennismen français (Gaël Monfils finaliste en 2009 et 2010, Tsonga vainqueur en 2008 et finaliste en 2011, Michael Llodra demi-finaliste en 2010). Cette année, Tsonga et Gasquet peuvent se qualifier pour Londres. De quoi assurer le spectacle ?

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