jeudi 27 décembre 2012

Centrafrique : Paris, Washington et l'ONU protègent leurs ... - Le Monde

Des centaines de manifestants protestaient mercredi devant l'ambassade de France  Bangui pour dnoncer la passivit de l'ancienne puissance coloniale face  l'avance des rebelles dans le pays. Ici, des gardes prsidentiels dans la capitale centrafricaine.

Franois Hollande a demand, mercredi 26 dcembre, au ministre de la dfense, Jean-Yves Le Drian, "de prendre toutes les dispositions pour assurer la scurit" de l'ambassade de France Bangui, ainsi que des 1 200 ressortissants Franais vivant en Centrafrique. "Ces mesures ont t mises en uvre dans les dlais les plus courts et seront prolonges autant que ncessaire", a fait savoir l'Elyse.Jean-Yves Le Drian a par ailleurs fait savoir que les lieux avaient t scuriss par une trentaine de soldats franais, et que le calme tait rtabli.Deux cents militaires franais sont bass en Centrafrique, en majorit Bangui.

Mercredi, l'ambassade de France a t prise pour cible par plusieurs centaines de personnes, proches du pouvoir, qui protestaient contre la passivit de l'ancienne puissance coloniale devant l'avance des forces rebelles. Des vitres ont t casses. La reprsentation d'Air France a galement t prise pour cible. Le porte-parole de la compagnie a d'ailleurs annonc que le vol hebdomadaire Paris-Bangui a fait demi-tour mercredi.

"Nous sommes ici l'ambassade de France, parce que c'est la France qui nous a coloniss. Mais la France a tendance nous lcher. On n'a plus besoin de la France, la France n'a qu' prendre son ambassade et partir", a affirm une manifestante. "La France n'a pas respect la convention de dfense entre elle et la Rpublique centrafricaine. Nous dnonons cette attitude", a ajout un tudiant participant au rassemblement.

LE GOUVERNEMENT "FAIT APPEL LA FRANCE"

L'ambassadeur de France Bangui,Serge Mucetti, a dnonc ces rassemblements, "particulirement violents". "Cette situation est totalement inadmissible. Je demande au gouvernement de la Rpublique centrafricaine de faire respecter les accords internationaux en cette matire. Ceux qui ont agi de la sorte sont des ennemis de la Rpublique centrafricaine", a-t-il dclar. L'ambassadeur a fait savoir que certains participants avaient descendu de son mat le drapeau franais et l'avaient emport avec eux.

Le mme jour, le gouvernement centrafricain a "fait appel la France" pour l'aider au dialogue entre le pouvoir et la coalition rebelle. "Nous remercions la France d'avoir condamn les attaques rebelles, d'avoir pris position pour le dialogue inter-centrafricain, et d'avoir propos son appui la concrtisation de ce dialogue", a dclar le ministre centrafricain de l'administration du territoire, Josu Binoua, suite une dclaration en ce sens manant de Paris.

Plus tt dans la journe, les manifestants, membres d'associations proches du Kwa Na Kwa – le parti du prsident Franois Boziz –, ont observ un sit-in devant l'ambassade des Etats-unis. Munis de sifflets et de branches de palmier, ils ont scand en sango, la langue nationale : "i y gui siriri" (nous voulons la paix, non la guerre).Les Nations unies et les Etats-Unis ont de leur ct annonc mercredi le retrait "temporaire" de tous leurs employs jugs non indispensables et de leurs familles, soit 200 personnes pour l'ONU et un nombre non prcis pour les personnels de l'ambassade amricaine.

PEU DE RSISTANCE DE L'ARME RGULIRE

La coalition rebelle du Slka s'est affiche mercredi en matre de la Centrafrique, affirmant qu'elle ne mnerait pas la "bataille de Bangui", la capitale, car le pouvoir a dja "perdu le contrle du pays". Les renforts tchadiens qui campent sur leurs positions l'entre de Bangui semblent toujours tre le dernier rempart contre une avance rebelle vers la capitale.

La rbellion a demand " tous les fils et filles de Centrafrique, tous les lments de forces de dfense et de scurit encore fidles au rgime de Franois Boziz (...) de dposer les armes immdiatement". Aprs plus de quinze jours d'oprations militaires et de conqutes de ville, la rbellion, qui n'a pas rencontr de rsistance lors de sa progression, a affirm que "par mesure de scurit et de protection des populations civiles, nous ne considrons plus ncessaire de mener la bataille de Bangui et d'y faire entrer nos troupes, car le gnral Franois Boziz (...) a dj perdu le contrle du pays".

Les rebelles, qui ont pris les armes le 10 dcembre pour rclamer "le respect" d'accords de paix conclus entre 2007 et 2011, se sont rapidement empars de villes stratgiques, comme Bria, une ville diamantifre du centre, Bambari, ville aurifre du centre-sud, avant de prendre Kaga Bandoro dans le centre-nord, mardi, s'approchant dangereusement de Bangui par le nord et par l'est. Sous-quipe, dmotive et mal organise, l'arme rgulire n'a oppos que peu de rsistance. Tout en affirmant vouloir ngocier Libreville, comme l'avaient demand vendredi les chefs d'Etat d'Afrique centrale, la rbellion a continu avancer, refusant de quitter les villes conquises sans accord de cessez-le-feu pralable, que le prsident centrafricain ne semble pas prt accorder.

LE TCHAD, ALLI HISTORIQUE DE BOZIZ

Les effectifs et la puissance de feu de la rbellion demeurent une inconnue. Selon un enseignant de la ville occupe de Bambari, Eudes Azouaka, "le nombre de rebelles ( Bambari uniquement) se situe entre 300 et 400 hommes. Ils sont arms de lance-roquettes, de mortiers, de vhicules arms de mitrailleuses lourdes et de kalachnikov". Un contingent de l'arme tchadienne, arriv la semaine dernire comme "force d'interposition" selon N'Djamena, est positionn sur le dernier axe routier menant Bangui. Prsents sur les deux derniers "verrous", Sibut et Damara, les soldats tchadiens sont rompus au combat et plus lourdement quips.

Le Tchad, alli historique de Franois Boziz, avait dj envoy ses troupe en 2003 pour l'aider prendre le pouvoir, et nouveau fin 2010 pour combattre des rbellions dans le Nord. Le Centrafrique, pays enclav de 5 millions d'habitants, tait engag depuis 2007 dans un processus de paix aprs des annes d'instabilit, de rbellions multiples, mutineries et putschs qui ont ravag son tissu conomique et l'ont empche de tirer profit de ses ressources naturelles. Fin 2011, Amnesty International avait dnonc la faible capacit du pouvoir centrafricain lutter contre les rbellions.

Lire : " Franois Boziz, vainqueur contest de la prsidentielle centrafricaine"

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