MARSEILLE (Sipa) -- La SNCF va expérimenter pendant six mois -et pour la première fois sur le réseau ferroviaire français- un dispositif lumineux de couleur bleue pour éloigner des toxicomanes dans une gare des quartiers Nord de Marseille. Ce procédé qui rend les veines moins visibles a pour objectif de décourager les consommateurs de drogue à pratiquer des injections de substances en intraveineuse, sous les abris installés sur les quais de la gare Sainte-Marthe, dans le XIVème arrondissement de la ville.
"A la suite d'un courrier de riverain ou d'usager signalant la présence de déchets dont des seringues sur les quais, nous sommes allés constater sur place et le responsable de la maintenance des gares a eu cette idée de lumière bleue", a expliqué à Sipa la direction régionale de la communication de la SNCF qui souligne que les toxicomanes "ne sont pas là tous les jours".
"Cela va peut-être éviter à la gare d'avoir des attroupements sur les quais mais cela ne fait que déplacer le problème ailleurs", a confié à Sipa le maire PS du secteur, Garo Hovsepian, qui dit avoir "appris par la presse" la décision de la SNCF. "Il faut d'abord traiter les pathologies avec la prise en charge de ces personnes par des structures sanitaires et sociales", poursuit l'élu qui entend "exiger de la SNCF toutes les informations nécessaires".
Un challenge interne pour la SNCF
"Nous n'avons pas contacté les élus car c'est un petit challenge interne. Cela concerne un périmètre très restreint et nous n'avions pas l'intention de communiquer avant de connaître la réaction des personnels, conducteurs et contrôleurs. Si cela atteint leurs conditions de travail, nous ne poursuivrons pas l'expérience", a justifié auprès de Sipa la direction départementale de la SNCF.
Une douzaine de spots, à 250 euros l'unité, seront disposés par paire sur plusieurs réverbères et dans l'abri de la gare. Soit un premier investissement de 3.000 euros. "Ils ne sont toujours pas installés et pourraient ne pas l'être avant la fin de l'année", précise-t-on à la SNCF.
Les lumières bleues sont déjà utilisées dans certains parkings et toilettes de discothèque. A Marseille, le parc de stationnement Gambetta, situé dans le Ier arrondissement, est équipé de tels luminaires.
Des salles de shoot meilleure solution
"Ces scènes ouvertes de toxicomanie exposent les riverains comme les usagers à des risques. La solution trouvée par la SNCF n'est donc que partielle", a estimé auprès de Sipa le docteur Jean-François Corty, directeur de la mission de France de Médecins du monde. "C'est l'exemple type de situation qui plaide pour l'urgence de l'expérimentation de salle de consommation à moindre risque (salle de shoot, Ndlr). Qui plus est, Marseille fait partie des villes qui se sont positionnées dans ce sens. Cela participerait à la sécurisation de l'espace public et la SNCF et d'autres ne seraient plus obligés de mettre en place des dispositifs qui ne répondent pas aux véritables besoins du terrain", a rappelé le responsable de l'association humanitaire.
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