mercredi 14 novembre 2012

Paris reconnaît la coalition de l'opposition syrienne - Le Nouvel Observateur

par Yasmine Saleh

LE CAIRE/PARIS (Reuters) - La France a reconnu officiellement mardi la nouvelle coalition regroupant l'opposition syrienne, qui réclame un soutien financier de la part des pays européens pour l'aider à renverser le régime de Damas.

"J'annonce ici que la France reconnaît la coalition nationale syrienne comme la seule représentante du peuple syrien et donc comme le futur gouvernement de la Syrie démocratique permettant d'en terminer avec le régime de Bachar al Assad", a dit le président français lors d'une conférence de presse à Paris.

François Hollande a réaffirmé que la France excluait toute intervention militaire qui ne serait pas décidée par le conseil de sécurité des Nations unies. "Aujourd'hui, il n'est pas dans cette disposition d'esprit dès lors que la Russie s'y oppose. Donc nous agirons différemment au nom de principes de protection de la population civile", a-t-il expliqué.

La Grande-Bretagne, elle, a jugé prématurée une telle reconnaissance de la Coalition nationale, même si elle a salué sa création dimanche sous l'égide du Qatar.

Au Caire, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a évoqué la nécessité d'un "soutien en provenance de l'intérieur de la Syrie".

En marge d'une réunion au Caire entre ministres des Affaires étrangères européens et arabes, le chef de la nouvelle Coalition nationale syrienne, Moaz AlKhatib, a demandé une aide financière internationale pour renverser le régime d'Assad.

Comme les Etats-Unis, les Européens sont réticents à fournir des armes à des insurgés composés en partie d'islamistes hostiles à l'Occident.

RÉSERVES

Alors que les pays occidentaux et arabes hostiles au régime de Bachar al Assad incitent de longue date les opposants syriens à s'unir, Moaz AlKhatib juge que la création de la Coalition nationale syrienne doit les amener à reconnaître cette instance comme gouvernement légitime de la Syrie.

"Je demande aux Etats européens de reconnaître politiquement la coalition en tant que représentante légitime du peuple syrien et de lui apporter un soutien financier", a-t-il déclaré dans une interview par téléphone à Reuters.

"Lorsque nous aurons cette reconnaissance politique, cela permettra à la coalition d'agir en tant que gouvernement et par conséquent d'acquérir des armes, et cela réglera nos problèmes", a ajouté cet imam modéré, hostile à toute division entre les différentes communautés du pays.

Formée à l'issue de difficiles tractations, la Coalition nationale syrienne n'a pas obtenu la reconnaissance officielle de la Ligue arabe en raison des réserves de l'Irak, de l'Algérie et du Liban.

Les six monarchies sunnites du Conseil de coopération du Golfe (CCG) l'ont cependant désignée comme unique représentante légitime du peuple syrien et, lors de la réunion du Caire, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elarabi, a déclaré : "Nous espérons que les derniers mouvements d'opposition se joindront à la Coalition nationale syrienne de l'opposition et des forces révolutionnaires et nous exhortons les pays du monde à la reconnaître et à lui fournir un soutien total."

Au pouvoir depuis 1970, le clan Assad tente depuis mars 2011 de réprimer un soulèvement qui a pris des allures de guerre civile. Ce conflit, qui menace d'embraser la région, a déjà coûté la vie à 38.000 personnes.

CRISE HUMANITAIRE

L'aviation du régime a encore bombardé mardi des zones habitées à Ras al Aïn, localité proche de la frontière turque contrôlée par les insurgés. Des civils fuyant les combats ont continué d'affluer en Turquie.

Des avions de chasse et l'artillerie ont aussi pilonné la ville d'Albou Kamal, à la frontière avec l'Irak, selon le maire de la ville irakienne de Kaïm.

La tension reste vive également sur le plateau du Golan, où l'armée israélienne a riposté dimanche et lundi à la chute d'obus de mortier syriens sur ce territoire occupé par l'Etat hébreu.

Près de Damas, les rebelles de la brigade Ghouta affirment avoir "tué de nombreux officiers" dans l'attaque d'une base de l'armée de l'air. Des images diffusées sur internet montrent des bâtiments militaires endommagés d'où s'élève de la fumée.

Le gouverneur de la province de Rakka, dans le nord-est du pays, a été blessé dans l'attaque de son convoi, ont rapporté d'autres opposants cités par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Dans cette même province, une bombe a explosé près d'une église et a tué une femme, selon l'agence de presse officielle Sana, qui accuse les rebelles.

Ces violences sont à l'origine d'une vaste crise humanitaire. Plus de 408.000 Syriens sont réfugiés dans les pays voisins et jusqu'à quatre millions de personnes, sur une population estimée à un peu plus de 20 millions, devraient avoir besoin d'une aide d'urgence d'ici début 2013, selon l'Onu.

Le Croissant-Rouge syrien estime à 2,5 millions le nombre de personnes déplacées en Syrie en raison des combats, rapporte le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Marine Pennetier, Juliette Rabat, Pascal Liétout, Bertrand Boucey et Yves Clarisse pour le service français

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