PARIS (AFP) - Paris "n'accepte pas" la diminution des crédits de la Politique agricole commune (PAC) proposée par le président du Conseil européen Herman van Rompuy sur le budget 2014-2020 et juge "qu'il y a encore beaucoup de travail" pour trouver un accord au sommet de l'UE des 22-23 novembre.
"Nous n'acceptons pas les propositions qui nous sont faites de diminution à hauteur de 25 milliards d'euros de la PAC", a déclaré le ministre délégué aux Affaires européennes Bernard Cazeneuve lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
Afin d'arriver à un compromis entre les 27, Herman van Rompuy a proposé mercredi de réduire de 75 milliards d'euros la proposition de budget de 1.033 milliards faite par la Commission européenne pour la période 2014-20.
Herman van Rompuy veut réduire de 29,5 milliards les crédits de paiement demandés pour la politique de cohésion régionale et de 25,5 milliards les aides pour la PAC (et la pêche), qui sont les deux plus gros postes de dépenses du budget de l'UE.
Pour M. Cazeneuve, la PAC doit être considérée comme "une politique de croissance" et "il faut que les moyens budgétaires soient alloués de façon équilibrée aux grandes politiques de l'UE".
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll s'est également dit "en désaccord profond" avec la proposition. La PAC et la politique d'aide aux régions "sont les deux grandes politiques qui s'adressent directement aux citoyens européens", a-t-il estimé.
Selon M. Cazeneuve, Paris sera également "intransigeant" sur le fait que deux programmes, l'un finançant la reconversion de salariés touchés par des restructurations et l'autre visant à fournir une aide alimentaire aux plus démunis, soient "correctement dotés".
Côté ressources, la France critique aussi vivement la proposition de maintenir le rabais accordé chaque année à la Grande-Bretagne qui est financé par les autres Etats membres, en particulier la France et l'Italie. Le chèque de cette ristourne était de 3,6 milliards d'euros en 2011.
Herman van Rompuy suggère également de prolonger les rabais accordés à l'Allemagne, les Pays-Bas et la Suède, les plus gros contributeurs de l'UE.
"Nous souhaitons un budget qui soit transparent et lisible. Nous ne souhaitons pas que ces rabais se poursuivent parce qu'ils sont une manière de penser antieuropéenne", a souligné Bernard Cazeneuve.
La France ira-t-elle jusqu'au clash? "Il y a encore beaucoup de travail à faire (...) S'il n'y a pas un accord les 22 et 23 (novembre à Bruxelles), il faudra poursuivre la discussion", a dit le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse conjointe à Paris avec le numéro deux du gouvernement britannique, Nick Clegg.
"Nous continuerons d'oeuvrer en faveur d'un rapprochement des différentes positions. Mais il est très difficile de concevoir que le Parlement britannique puisse ratifier un accord qui comprend des augmentations budgétaires bien supérieures au taux de l'inflation", a déclaré pour sa part Nick Clegg.
Le Premier ministre britannique David Cameron a récemment menacé d'exercer son droit de veto si le sommet accouchait d'un compromis "inacceptable" pour les contribuables britanniques.
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