samedi 1 décembre 2012

Toulouse va savoir si le rêve de "Hollywood-sur-Garonne" peut ... - Le Nouvel Observateur

TOULOUSE (AFP) - Toulouse saura bientôt si le rêve d'un petit entrepreneur local de créer avec un grand nom du cinéma américain les plus vastes studios de France au pays d'Airbus est réalisable ou s'il n'est que la fantasmagorie dénoncée par ses détracteurs.

L'architecte Bruno Granja a confirmé à l'AFP avoir fait déposer son dossier de candidature vendredi avant 16H00. C'est la date de clôture de l'appel d'offres lancé par l'Etat qui, en quête d'argent frais, met en vente 25 des 300 hectares d'une l'ancienne base aérienne militaire, désaffectée depuis 2010, à Francazal, au sud-ouest de Toulouse.

Il a un concurrent, ont dit les services de l'Etat. Mais on ignore son nom.

M. Granja, lui, ne fait pas mystère de son rêve depuis des mois: fonder à Francazal les plus grands studios de France avec le concours de l'américain Raleigh, qui se revendique premier exploitant de studios de cinéma indépendants aux Etats-Unis et qui prépare là-bas le tournage des suites 2 et 3 d'"Avatar".

Les studios créeraient 5.000 emplois directs, dit-il.

M. Granja, natif de Cugnaux, une des communes sur laquelle s'étend la base, a imaginé cet Hollywood-sur-Garonne en voyant ces terrains, ces hangars, ces pistes où pourraient se poser les avions des acteurs et la proximité des décors naturels de la Méditerranée, des Pyrénées ou de Carcassonne.

Il a fait le tour des majors et fini par persuader Raleigh, dont le vice-président, Mark Rosenthal, se dit "absolument convaincu du potentiel de cette opération", dans La Dépêche du Midi.

L'intérêt de Raleigh a fait sensation en juin 2011. L'information a été reçue à l'époque avec circonspection ou incrédulité. Aujourd'hui, les collectivités se disent prudemment attentives, sauf Cugnaux où Philippe Guérin, en tant que maire, "ne peut pas passer à côté de ça".

L'Etat, lui, ne pouvait pas ne pas prendre l'affaire au sérieux et a réservé les 25 hectares à une finalité "économique et culturelle".

Chez les professionnels en revanche, Thierry de Segonzac, président de la Fédération des industries du cinéma (Ficam), a parlé de projet "saugrenu".

Les détracteurs invoquent la sous-occupation des plateaux de tournage français auxquels sont encore venus s'ajouter en septembre ceux de la "Cité du cinéma" ouverte par Luc Besson en Seine-Saint-Denis. D'autres s'interrogent sur le tour de table constitué par Bruno Granja et redoutent que Raleigh ne fasse un petit tour et s'en aille.

Aucun risque, répond Bruno Granja, par protocole "notre partenariat est établi sur du long terme, ils ne sont pas là pour partir du jour au lendemain".

Il garde secrets le financement et les détails de l'opération, tout comme la nature de l'engagement de Raleigh. Il se contente d'évoquer un investissement initial d'environ 80 millions d'euros pour la construction des bâtiments. Icade, filiale de la Caisse des dépôts, est partenaire immobilier.

Quant à la viabilité, "si aujourd'hui on remet une offre à l'Etat, c'est que le dossier tient la route", dit-il.

Les professionnels trouveront sur place neuf studios couverts allant jusqu'à 3.500 mètres carrés, un plateau extérieur de deux hectares et tous les services dont ils ont besoin pour le cinéma ou la télévision, assure-t-il. Le vice-président de Raleigh souligne que c'est grâce à la production télévisuelle que Francazal devrait se développer.

A l'instigation de Raleigh, Francazal serait aussi un lieu "d'entertainment", avec des restaurants, un hôtel haut de gamme, un musée, des visites et des commerces.

On pourrait commencer à tourner à Francazal en 2016, dit M. Granja. Mais, à présent, les Américains attendent une "réponse rapide".

L'Etat commencera par dire le 4 décembre si les dossiers répondent au cahier des charges. Ceux, ou celui, qui n'auront pas été rejeté seront instruit pendant environ deux mois. Après en avoir probablement référé au ministère de la Culture, l'administration pourrait trancher fin février.

Le concurrent de M. Granja cache, lui, son jeu. La situation exceptionnelle des terrains près de la quatrième ville de France était susceptible de susciter des convoitises. Annoncée comme prétendante, une start-up parisienne, Futura 21, spécialisée dans l'ingénierie des centres de loisirs et des pistes de ski couvertes, dit aujourd'hui regretter un "dérapage de communication", et garde le silence sur ses desseins.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire