Pour ceux qui ne le savent pas encore, la voie express rive gauche est désormais interdite aux automobilistes parisiens entre le Musée d'Orsay et le Quai Branly, pour permettre l'aménagement en bord de Seine d'un espace dédié aux loisirs de 4,5 hectares (Lire : Paris : les voitures interdites de voie express rive gauche). Cette fermeture définitive aux automobilistes a été accueillie lundi par un concert de protestations, même si la préfecture de police ne notait "aucun gros bouchon". "Ça se passe bien, il n'y a pas de gros bouchons. Mais le lundi n'est pas un jour où cela circule beaucoup", notait sur place un fonctionnaire de la préfecture (lire notre article >Paris : "pas de gros bouchons" au 1er jour de fermeture des voies sur berge).
Constat partagé le soir par l'adjoint du maire de Paris en charge des transports Julien Bargeton: "Nous n'avons pas constaté de difficultés particulières en lien avec les travaux", a dit l'élu, en accueillant la presse au PC Lutèce d'où est surveillé et régulé le trafic parisien. Une batterie de capteurs permettant de mesurer la circulation, la pollution et le bruit permettront d'évaluer au fur et à mesure la situation, a-t-il souligné. "Nous sommes attentifs et vigilants, il y a toujours un temps d'adaptation", a-t-il relevé. Selon M. Bargeton, la création d'une troisième voie quai Anatole France, le report des automobilistes sur d'autres voies, et la baisse progressive de la circulation, devraient permettre à terme d'éviter l'"embolie" redoutée par beaucoup.
Bertrand Delanoë "n'est pas David Copperfield !"
L'UMP, le Medef et les associations de défense des automobilistes ont vivement dénoncé ce projet, qui créera selon eux des embouteillages et nuira à l'activité économique. "Le lundi est le jour où il y a le moins de voitures, mais on voit déjà des effets sur les axes parallèles. Bertrand Delanoë va s'apercevoir qu'il n'est pas David Copperfield (le célèbre prestidigitateur, ndlr) et qu'on ne peut pas faire disparaître les voitures", a ironisé le délégué général de l'association "40 millions d'automobilistes" Pierre Chasseray, venu sur place s'adresser à la presse. "Il aurait peut-être fallu aménager les quais de l'autre côté, qui sont déjà piétons", a-t-il fait observer. L'association qui revendique 320.000 adhérents a lancé une pétition contre le projet qui a selon elle recueilli 32.000 signatures.
Le Medef Ile-de-France a averti que ce réaménagement "risquait d'entraîner des millions d'heures de travail perdues pour les entreprises et leurs salariés". Il a annoncé avoir déposé avec d'autres fédérations patronales un recours devant le tribunal administratif pour obtenir l'invalidation du projet. La première audience est prévue le 7 février. "Embouteillages dantesques, bruit et pollution auront tôt fait de gâcher le plaisir de quelques promeneurs et de nuire un peu plus à l'attractivité de la capitale", avait dénoncé vendredi dans un communiqué le groupe UMP au Conseil de Paris. Lundi, le député-maire UMP du XVe arrondissement Philippe Goujon et le député UMP de Paris François Lamour ont écrit au maire de Paris pour lui demander l'installation de capteurs mesurant le nombre de véhicules, le taux de pollution et le bruit sur les "axes critiques" de l'arrondissement, où pourraient se reporter une partie des véhicules chassés de la voie express.
Dati vent debout
Rachida Dati, concernée au premier chef en tant que maire du VIIe, a demandé dans un communiqué lundi "qu'un bilan soit présenté" pour "évaluer en toute impartialité l'utilité de ce projet controversé et rejeté par 78 % des personnes ayant pris part à l'enquête publique". Le sénateur Roger Karoutchi a dénoncé le "comportement hégémonique" de Paris et une politique visant à "bunkériser" la capitale "sans la moindre discussion ou négociation avec les collectivités voisines". Le conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel, candidat à la primaire que doit organiser l'UMP en amont des municipales de 2014, a estimé nécessaire de "replacer l'aménagement des quais de Seine au coeur d'une stratégie régionale d'amélioration des transports et de développement économique", sans pour autant remettre en cause le principe du projet.
Le Front national a dénoncé une "folie" et estimé que les sommes dépensées pour l'aménagement des berges --35 millions d'euros-- auraient été "mieux affectées aux transports en commun parisiens". Le conseiller MoDem de Paris Jean-François Martins a salué une décision "historique" car "la ville fait le choix de la modernité et de l'écologie"
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