mercredi 2 janvier 2013

Afghanistan. Paris veut ouvrir une autre page - Le Télégramme

Afghanistan. Paris veut ouvrir une autre page

2 janvier 2013 à 07h40 - Réagir à cet article

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Pour sa quatrième visite en Afghanistan depuis son entrée en fonction en mai, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a réveillonné à Kaboul avec les militaires français. Il a affirmé la volonté de la France d'ouvrir une nouvelle ère dans ses relations avec ce pays, après le retrait de ses troupes.

De notre envoyé spécial. Le soleil s'est levé sur les monts enneigés de l'île d'Hindu Kush qui enserrent Kaboul, capitale de deux millions d'habitants à 1.800m d'altitude. Dans le froid glacial du petit matin, l'ambassadeur Bajolet, chargé de la lutte antiterroriste à l'Élysée sous Sarkozy, après un passage à Bagdad, accueille le ministre de la Défense. Jean-Yves Le Drian, accompagné de son épouse, Maria Vadillo, de l'académicien Érik Orsenna, et de quelques musiciens du Bagad de Lann-Bihoué, a voyagé avec la presse sur Air Hollande One, le luxueux Airbus A330 commandé par Nicolas Sarkozy, dont il s'est finalement peu servi.

Ce déplacement pour un réveillon avec les armées en opérations extérieures est une tradition. Mais la présence du ministre de la Défense impose de sécuriser sa délégation, qui sera transportée au camp Warehouse de l'Isaf (Force internationale pour l'Afghanistan) en VAB (Véhicule de l'avant blindé).

 

Plus que 1.600 soldats sur place
Le président Hollande a donné, dès son investiture, le signal du départ dans ce pays où la France ne compte plus sur place que 1.600 soldats, après que Nicolas Sarkozy a porté le contingent à 4.000 hommes au lendemain de l'embuscade d'Uzbin. Laquelle fit dix morts et marqua un virage dans l'engagement de Paris, qui s'oriente vers la contre-insurrection. Jusqu'alors la présence française était surtout tournée vers l'assistance humanitaire aux populations.

Les Français prenaient alors conscience du coût d'une guerre, où périrent 88 de leurs soldats, au risque de l'enlisement au fur et à mesure que les talibans, chassés de Kaboul au lendemain du 11 septembre, reprenaient l'avantage sur le terrain.

Le bon choix eut peut-être consisté à partir, au vu de cette dégradation des conditions de sécurité. Les Américains en décidèrent autrement et, après avoir hésité, Nicolas Sarkozy les suivit. Les photos publiées par Paris Match montrant des talibans ayant, pour certains, endossé la tenue des soldats français tués dans l'embuscade, avaient créé un choc dans l'opinion. Aujourd'hui, l'inquiétude est que le repli ne se fasse en bon ordre. Jusqu'à présent, il n'a donné lieu à aucun incident majeur. Mais le vide qui en résulte, et culminera en 2014 avec le départ des Américains, reste plein de dangers.

L'erreur initiale aurait été le refus d'inclure les talibans dans la coalition gouvernementale, comme le suggérait le président Hamid Karzaï au lendemain de leur défaite. Sa démarche, suite à une visite à Kandahar, où s'était réfugié le mollah Omar, fut condamnée par le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld. Pas question de tendre la main aux responsables du 11-Septembre, ayant établi leur base en Afghanistan, avait décrété ce proche de George W. Bush. Sauf que confondre al-Qaïda et les talibans, un moindre mal pour les Américains qui cherchaient, contre toute évidence, des armes de destruction massive en Irak, ne se révéla pas particulièrement judicieux. La preuve: au lendemain de l'élimination de ben Laden par les commandos d'élite de l'US Army, le problème des talibans, ces anciens séminaristes reconvertis en guérilleros, demeure entier.

 

Plusieurs menaces identifiées
Depuis sa nomination à l'Hôtel de Brienne, Jean-Yves Le Drian a effectué quatre séjours en Afghanistan, dont un avec François Hollande pour annoncer le désengagement anticipé de Paris. Pour autant, l'Élysée ne veut pas que cela soit interprété comme un sauve-qui-peut, analogue à celui des Soviétiques, trente ans auparavant, avec un retour annoncé de la guerre civile et des talibans au pouvoir.

Numéro trois de l'Isaf, mais également commandant en chef des forces françaises (détachement PAMIR), le général Olivier de Bavinchove réfute un tel pessimisme. Là où Le Drian voit l'émergence d'un État, d'une Constitution et d'une armée prête à prendre le relais de la coalition internationale, le général estime qu'après une montée en puissance à marche forcée, les jeunes forces afghanes, fortes de 350.000 soldats, ont gagné en maturité et en solidité.

Cet homme, qui dit s'entendre beaucoup mieux avec le général américain Allen qu'avec son prédécesseur, le désormais célèbre Petraeus, identifie plusieurs menaces, trop souvent attribuées, selon lui, aux seuls talibans, alors que de multiples factions coexistent et se battent entre elles. Dans cet État, qui concentre 80% de la production mondiale d'opium, il y a d'abord des réseaux criminels à démanteler, pas toujours faciles à distinguer des narcotrafiquants et des petits chefs de guerre. Si on en croit le militaire, ce que la Colombie a fait en une décennie, l'Afghanistan pourrait l'obtenir, d'autant que les Pakistanais, longtemps accusés de double jeu au profit des talibans, ont pris la mesure de la gangrène qu'ils représentaient pour leur propre État.

Soumis à de fortes pressions américaines, Islamabad aurait perdu plus de 3.000 hommes dans la lutte antiterroriste à ses frontières, où venaient se réfugier les talibans (soit plus que les 2.000 morts de la coalition occidentale). Au moment où les Occidentaux se retirent, les talibans se retrouvent confrontés à leurs frères afghans, ce qui rend leurs agressions moins légitimes.

«En dix ans, les choses ont complètement changé. C'est désormais une question de volonté politique dans une société fatiguée par la violence. Et l'espoir réside dans une jeunesse qui commence à être formée», conclut le général de Bavinchove.

 

Le pays entend régler ses problèmes
Si des attentats spectaculaires restent toujours possibles, la question sécuritaire ne doit pas faire oublier le «nation-building» que les Occidentaux auront tenté de mettre en place. Certes, «personne ne sait ce qui se passera après 2014, pas même l'ambassadeur», note un observateur. Par ailleurs, la corruption demeure un problème essentiel. Et parmi les 500 soldats français qui resteront dans le pays à partir de l'été prochain, notamment pour sécuriser l'aéroport de Kaia et l'hôpital, il y a, comme le dit LeDrian, «non pas la volonté de tourner la page, mais d'en ouvrir une autre», notamment à travers ce traité de coopération signé entre Paris et Kaboul pour aider le pays à acquérir les «capacités critiques» qui lui font encore défaut.

«Nous n'avions pas vocation à rester éternellement et les Afghans ont le droit de retrouver leur souveraineté», plaide Le Drian, dont l'entretien avec le président Karzaï, qui ne se présentera pas à l'élection d'avril2014, a permis à l'Afghan d'exprimer son agacement. Motif: la conférence de Chantilly, il y a une dizaine de jours, où la France réunissait les protagonistes de ce champ clos de rivalités ancestrales. Ce pays de guerriers, qualifié de «cimetière des empires», entend désormais régler lui-même ses problèmes, à son rythme. Pour le meilleur ou pour le pire.

 

  • Hubert Coudurier

«Nous n'avions pas vocation à rester éternellement et les Afghans ont le droit de retrouver leur souveraineté.» »

  • Jean-Yves Le Drian ministre de la Défense
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